Le FLNKS enterre l’accord de Bougival, pourtant signé par ses représentants
Pour Manuel Valls, c’est un coup porté à un compromis historique et un pas de plus vers le chaos calédonien.
La fin officielle de l’accord de Bougival
Ce samedi 9 août, le congrès du FLNKS a marqué un tournant politique majeur. Devant ses militants, le front indépendantiste a acté un rejet clair de l’accord de Bougival, pourtant signé quelques semaines plus tôt par sa délégation, avec l’aval tacite de son président.
Une décision assumée, qui confirme que la branche dure du mouvement – désormais dépourvue du Palika et de l’UPM – veut rompre avec toute logique de compromis.
Manuel Valls, l’un des artisans de cet accord, n’a pas tardé à réagir :
Refuser l’accord, c’est faire le choix du pourrissement et de la confrontation. Et ce sera l’échec pour tous.
Pour l’ancien Premier ministre, ce virage radical :
tourne le dos à un compromis historique, fruit de mois de travail depuis février et fragilise les acquis des accords de Matignon et de Nouméa.
En coulisses, les ultra-indépendantistes affichent leur ligne : pleine souveraineté ou rien. Quitte à provoquer un nouveau 13 mai et à transformer la Nouvelle-Calédonie en désert économique et social, tant qu’ils pensent pouvoir imposer leur « Kanaky libre » par la force.
Un accord historique piétiné
Manuel Valls rappelle que l’accord de Bougival prévoyait :
la création d’un État de la Nouvelle-Calédonie doté d’une loi fondamentale et d’une compétence en relations internationales,
l’instauration d’une nationalité calédonienne,
un transfert encadré de compétences régaliennes, soumis à la validation des Calédoniens.
Pour lui, ce texte n’était pas un simple geste politique, mais un socle de stabilité, intégrant le rôle fondateur du peuple kanak tout en maintenant les liens avec la France.
C’est un choix courageux que de défendre cet accord, un pari sur l’avenir et la confiance, insiste-t-il, saluant les Loyalistes, Calédonie Ensemble, l’Éveil océanien et l’UNI-Palika qui, eux, ont respecté leur engagement.
En rejetant Bougival, le FLNKS version 2025 ne se contente pas de fermer une porte : il la claque avec fracas, laissant derrière lui un vide politique et institutionnel que les tensions risquent vite de combler.
Le spectre de la confrontation
Valls prévient : sans compromis, pas de reconstruction durable ni de reprise économique. Les fractures sociales et sanitaires ne feront que s’aggraver.
Il appelle à :
créer les conditions pour que la Nouvelle-Calédonie retrouve la stabilité, la paix, la confiance et la réussite qu’elle mérite.
L’ancien chef du gouvernement annonce sa venue sur le territoire la semaine du 18 août pour rencontrer l’ensemble des forces politiques, le Sénat coutumier, la société civile et les acteurs économiques. Objectif : rassembler tous ceux qui refusent “l’affrontement stérile”.
Mais il avertit aussi :
L’État doit être garant de la justice pour tous comme de l’exercice de la démocratie, qui ne peut pas vivre sous la menace de violences.
Dans un contexte où certains au FLNKS semblent prêts à sacrifier la prospérité sur l’autel de l’idéologie, son message résonne comme un dernier appel au réalisme.