Les comptes sociaux au bord du gouffre, mais la Fédération des fonctionnaires s’arc-boute sur ses privilèges
Un syndicat qui refuse de regarder la réalité en face
Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise financière sans précédent, le gouvernement d’Alcide Ponga a acté, en séance le 30 juillet dernier, un plan de réformes visant à rétablir l’équilibre des comptes sociaux et à redresser les finances publiques. Parmi les mesures adoptées : la mise en place d’un jour de carence dans la fonction publique et le gel des avancements pour tous les agents publics pendant deux ans, à compter du 1er janvier 2026.
Ces réformes sont dictées par l’urgence. La masse salariale des 11 437 agents statutaires, au salaire net moyen (hors primes) de 398 501 CFP, pèse lourd : 6,1 milliards CFP par mois. En 2023, les dépenses de personnel ont atteint 73,74 milliards CFP, selon la Chambre territoriale des comptes. Et si l’on inclut les contractuels, ce sont plus de 20 000 agents que compte la fonction publique locale.
Mais pour la Fédération des fonctionnaires (la « Fédé »), c’est non. Dans un préavis de grève générale déposé pour le 14 août, le syndicat fustige des « attaques » contre les agents et refuse toute mesure visant à réduire la voilure.
Des finances exsangues, un État qui ne peut plus tout payer
Depuis la crise du Covid et la flambée de violence du 13 mai 2024, les recettes fiscales s’érodent. L’ISEE révèle qu’entre 2019 et 2025, la Nouvelle-Calédonie a perdu 6 811 habitants. Résultat : une économie en berne et un pays sous perfusion financière de l’État.
En 2025, Paris a encore envoyé près de 120 milliards CFP, dont 46 milliards ont servi à rembourser des prêts contractés en 2024. Le gouvernement local a acté que les départs à la retraite ne seraient pas remplacés, soit environ 100 postes en moins. En 2024, l’ensemble des collectivités avait déjà économisé 2,5 milliards CFP.
Mais Bercy a été clair : pas de nouvelles avances sans un effort de réduction d’au moins 5 % des dépenses publiques. Finie l’ère de l’argent magique : soit les réformes passent, soit il faudra augmenter massivement les impôts, hypothèse que l’exécutif local rejette.
L’heure des choix : réformer ou sombrer
Plusieurs pistes sont déjà sur la table : fermer des agences et établissements à faible utilité publique, supprimer le CESE-NC (hypothèse évoquée en France pour le CESE), mettre fin aux financements de structures critiquées pour leur efficacité, comme la SASENC (épinglée par la CTC le 12 juin), l’ADECAL ou SCAL’AIR.
Face à ces urgences, le blocage de la Fédé apparaît comme un refus dogmatique de l’effort collectif. Les mesures dénoncées par le syndicat – gel des avancements, jour de carence, réduction de certains avantages – ne sont pas des caprices gouvernementaux, mais des leviers incontournables pour éviter la faillite.
Si rien n’est fait, la Nouvelle-Calédonie risque de s’enfoncer dans un scénario grec, où la dette et les déficits avalent toute marge de manœuvre. L’heure n’est plus aux tergiversations : réformer ou sombrer, tel est désormais le choix.