Depuis Honiara, la prochaine réunion des leaders du Forum des Îles du Pacifique s’annonce houleuse.
Les Îles Salomon ont décidé de suspendre l’invitation de Taiwan et de 21 partenaires de dialogue, dont les États-Unis et la Chine.
Une suspension, pas une rupture définitive
Le Premier ministre Jeremiah Manele a justifié cette décision par un retard dans la révision des relations diplomatiques avec ces partenaires.
Il affirme qu’il ne s’agit pas d’une exclusion permanente, mais d’une mesure temporaire en attendant d’adopter une nouvelle architecture de dialogue.
Parmi les pays concernés figureraient notamment : Canada, Chine, Cuba, Union européenne, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Corée du Sud, Malaisie, Philippines, Espagne, Thaïlande, Turquie, Royaume-Uni, États-Unis, ainsi que d’autres partenaires traditionnels du PIF.
À noter : certaines organisations comme la Banque mondiale ou la Banque asiatique de développement restent invitées.
Un vieux dossier qui ressurgit
Pour Sione Tekiteki, ancien directeur de la gouvernance du Forum, cette situation illustre comment les puissances extérieures instrumentalisent la diplomatie régionale :
Ce problème n’est ni de notre fait, ni au cœur de nos priorités stratégiques ou de développement.
Historiquement, le Communiqué des leaders de 1992, adopté à Honiara, permet à Taiwan de participer à des dialogues en marge du Forum, sous l’appellation “Taiwan – République de Chine (ROC)”, sans figurer au programme officiel.
Des réactions vives dans la région
La Nouvelle-Zélande, par la voix de son Premier ministre Christopher Luxon, a réaffirmé son soutien au statu quo, tout comme les Îles Marshall et Palaos.
Luxon estime que le PIF doit rester l’organe central pour traiter des enjeux du Pacifique, et que les partenaires de dialogue doivent garder un accès, même restreint. Les ministres des Affaires étrangères du Forum se réuniront aux Fidji la semaine prochaine pour trancher cette question avant le sommet des leaders.