De plus en plus de Calédoniens délaissent les transports officiels pour rejoindre les îles. Prix exorbitants, retards à répétition : la débrouille prend le dessus.
Mais quand la mer se déchaîne, ces traversées sauvages virent au drame évité de justesse.
Le transport officiel délaissé au profit de la débrouille
Ce n’est plus un cas isolé. De nombreux Calédoniens préfèrent aujourd’hui remplir le réservoir d’un bateau de pêche familial plutôt que d’acheter un billet d’avion ou de ferry. La raison ? Des prix jugés exorbitants, des vols annulés à la dernière minute, ou encore des problèmes techniques qui clouent au port les navires officiels.
En cette période de mariages coutumiers, la demande de déplacements explose. Résultat : des traversées improvisées, souvent en dehors de tout cadre réglementaire, se multiplient entre la Grande Terre, les îles Loyauté et l’Île des Pins.
Une traversée illégale qui tourne à l’opération de secours
Ce dimanche matin, vers 10 h, quatre petites embarcations quittent Thio en direction d’Ouvéa, transportant 43 passagers au total, dont plusieurs enfants. Problème : ces bateaux de plaisance côtière ne sont pas conçus pour naviguer aussi loin en haute mer.
À 11 h, l’un des navires — un 6,40 m avec 11 personnes à bord — tombe en panne à 70 km des côtes. La communication avec le Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (COSS-NC) est coupée. Un voilier américain tente d’aider, mais l’état de la mer rend toute manœuvre impossible.
Le PUMA des Forces armées est mobilisé. Grâce à la balise de détresse, neuf passagers sont hélitreuillés dans l’après-midi. Deux refusent l’évacuation et restent sur le bateau, qui sera plus tard pris en remorque par un moyen privé.
Des secours mobilisés jusqu’au soir
Pendant ce temps, les trois autres bateaux du convoi n’arrivent pas à l’heure prévue à Ouvéa. Les familles s’inquiètent : aucun contact radio, aucune confirmation que tout va bien. Ce n’est qu’en début de soirée que le COSS-NC parvient à joindre un équipage : l’un des bateaux est tombé en panne et a été remorqué par un autre jusqu’à destination.
Le service de l’Action de l’État en mer rappelle :
Ces trajets doivent se faire sur des navires officiels et adaptés. Les traversées sauvages mettent en danger passagers, marins et secouristes.
En mer, la règle est claire : surveiller le canal VHF 16, signaler immédiatement tout danger au COSS-NC, et ne jamais sous-estimer la distance ni la météo.