La rédaction de La Dépêche de Nouméa a récemment reçu un courrier d’un lecteur, chef d’entreprise, qui a souhaité témoigner publiquement de ce qu’il estime être une injustice dans les contrôles administratifs menés depuis les émeutes de 2024. Dans un contexte où le tissu économique local peine encore à se relever, et alors que les équilibres politiques et sociaux restent instables, cette parole — à la fois personnelle et révélatrice d’un malaise plus large — nous a semblé mériter une diffusion sans filtre. Nous la publions donc dans son intégralité, sans modification ni coupure, afin que chacun puisse en apprécier la teneur et se forger sa propre opinion.
Alerte sur les contrôles post-émeutes :
les chefs d’entreprise traités comme des délinquants
Bonjour, Je me permets de vous écrire pour vous alerter sur une situation profondément injuste que vivent actuellement de nombreux chefs d’entreprise en Nouvelle-Calédonie.
Suite aux émeutes de 2024, nos activités ont été lourdement impactées. Dans mon cas, nous avons connu une chute d’activité allant jusqu’à 80 %. Face à l’absence d’aides significatives, le dispositif de chômage partiel a été la seule bouffée d’oxygène qui nous a permis de garder la tête hors de l’eau et de préserver nos emplois.
Aujourd’hui, à peine un an après cette crise, alors que la reprise reste fragile et que l’avenir politique comme économique demeure incertain, plusieurs entreprises, dont la mienne, font l’objet de contrôles poussés – voire hostiles – de la part de la DTE et de la Cafat. Nos salariés sont convoqués individuellement dans les locaux de la DTE, les courriers reçus sont menaçants, et les chefs d’entreprise que nous sommes sont traités comme des fraudeurs.
Nous avons tenu bon. Nous avons fait le choix de garder nos équipes, de continuer à payer nos charges, de participer à la relance de l’économie locale. Et aujourd’hui, c’est comme si cet effort n’avait aucune valeur. L’administration semble vouloir nous faire payer le peu d’aides que nous avons reçues, sans tenir compte du contexte, sans compassion, sans dialogue.
Que cherche-t-on ? Que les entreprises ferment ? Que les salariés soient licenciés et rejoignent les rangs de ceux qui peinent déjà à joindre les deux bouts ? Le fossé se creuse dangereusement entre le monde économique, qui tente de survivre, et une administration qui alourdit encore nos difficultés au lieu de nous soutenir.
Il est temps de poser les vraies questions et de donner la parole à ceux qui se battent chaque jour pour maintenir des emplois et préserver un tissu économique déjà fragilisé.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce message.
En relayant ce témoignage, notre intention est de donner à voir une réalité souvent peu audible : celle de chefs d’entreprise qui, après avoir traversé une crise majeure, se sentent désormais ciblés par des contrôles perçus comme disproportionnés. Cette lettre ne prétend pas clore le débat, mais invite à réfléchir au fragile équilibre entre nécessité de contrôle et soutien à la reprise économique. C’est aussi un appel, lancé par un acteur de terrain, à repenser le dialogue entre administration et monde économique dans un moment où la cohésion sociale et la relance sont plus que jamais en jeu.