Par une plume concernée
L’économie calédonienne est exsangue. Les entreprises, déjà fragilisées par les émeutes et les blocages, se battent pour survivre. Les recettes fiscales s’effondrent. Et pourtant, un nouvel appel à la grève générale vient de tomber.
Le 14 août, la Fédération des fonctionnaires invite l’ensemble du secteur public et privé à cesser le travail pour dénoncer un projet de réforme qu’elle juge “inacceptable”. Sur la liste des griefs : baisse des allocations familiales, “disparition” des services publics, politique sanitaire insuffisante… Autant de revendications qui, sur le papier, peuvent sembler légitimes. Mais à y regarder de plus près, la question qui dérange est simple : qui va payer ?
L’économie ne tourne plus
Depuis mai 2024, la Nouvelle-Calédonie vit avec un moteur économique grippé. Les blocages, les tensions sociales et les atteintes aux infrastructures ont laissé des traces profondes :
- Des pans entiers de l’industrie et du commerce à l’arrêt,
- Des projets d’investissement gelés ou abandonnés,
- Une consommation en berne et des recettes fiscales qui s’effritent mois après mois.
Dans ce contexte, penser que l’on pourra préserver, voire élargir, le niveau actuel de dépenses publiques sans redresser l’économie est une illusion. Dans le monde de l’entreprise, quand les comptes virent au rouge, on restructure, on réduit la voilure, on cherche à relancer l’activité. Dans le secteur public, la tentation est souvent de protéger les acquis en ignorant la capacité réelle de financement.
Le risque d’un effondrement social
Il ne s’agit pas d’opposer fonctionnaires et salariés du privé. Mais il faut rappeler une évidence : les salaires des uns comme des autres dépendent de la santé économique du pays. Sans recettes, pas de redistribution. Sans moteur productif, pas de protection sociale.
Continuer à demander plus alors que le navire prend l’eau, c’est creuser la brèche au lieu de colmater. La réforme, aussi douloureuse soit-elle, est aujourd’hui inévitable. Ce n’est pas un choix politique, c’est une question de survie.
Revenir à la réalité
Oui, les inégalités doivent être combattues. Oui, la solidarité nationale est un principe fondamental. Mais elle ne peut exister que si l’économie tourne. Et pour ça, il faut cesser de scier la branche sur laquelle nous sommes assis.
Tant que cette réalité sera niée, la spirale descendante continuera, et ce sont les plus fragiles qui en paieront le prix.