Alors que le pays traverse une crise économique et sociale profonde, l’exécutif local veut lancer des réformes pour sauver ses comptes et préparer l’avenir.
À Nouméa, certains syndicats, dont la CSTC-FO, se dressent contre ce qu’ils considèrent comme une attaque directe contre les acquis sociaux.
Réformes jugées indispensables, opposition intransigeante
La Nouvelle-Calédonie n’a plus le luxe de repousser les ajustements : déficits sociaux en hausse, dettes qui s’accumulent, comptes publics sous pression.
Pour éviter l’asphyxie financière, le gouvernement Ponga présente un plan de réformes budgétaires, sociales et fiscales visant à ramener les comptes à l’équilibre et à relancer la croissance.
Ce jeudi, le Congrès examine un texte touchant à plusieurs piliers du modèle social calédonien. Tandis que le gouvernement défend des mesures « indispensables », la CSTC-FO appelle à bloquer le projet. Dans la rue, elle se joint ainsi à la Fédération des fonctionnaires pour dénoncer un « recul social historique ».
Derrière cette bataille politique, la fracture est nette : pour les uns, il faut se serrer la ceinture aujourd’hui pour préparer la prospérité de demain ; pour les autres, toucher aux acquis revient à fragiliser les plus modestes.
Quatre mesures au cœur de la discorde
Prestations sociales
Réduction envisagée de l’allocation solidarité. Selon la CSTC-FO, 56 000 enfants seraient touchés et la précarité s’aggraverait. Le gouvernement affirme vouloir mieux cibler l’aide vers les plus nécessiteux.Santé
Instauration d’un ticket modérateur de 100 francs par consultation et d’une franchise de 500 francs pour les transports sanitaires aller-retour, prescriptions limitées aux cas « justifiés ». Pour l’exécutif, ces ajustements limitent les abus ; pour les syndicats, ils éloignent les plus fragiles des soins.Logement
Réinjection de 2 % du Fonds Social de l’Habitat dans les caisses publiques afin de résorber les impayés. Les opposants dénoncent un prélèvement injuste pour les salariés.Fiscalité des entreprises
Exonérations accordées sans obligation de formation, de montée en compétences ou de hausse des salaires. Pour le gouvernement, c’est un levier d’investissement ; pour la CSTC-FO, un « cadeau » sans contrepartie.
Un vote à haute valeur symbolique
Pour l’exécutif, ces réformes sont perfectibles mais nécessaires si la Nouvelle-Calédonie veut rester un pôle prospère dans le Pacifique.
Pour les syndicats, elles sacrifient le modèle social sur l’autel de l’austérité.
Jérôme Le Pechoux, secrétaire général de la CSTC-FO, prévient :
Si ces textes passent, nous descendrons dans la rue pour défendre les droits des travailleurs et des familles.
La mobilisation prévue aujourd’hui devant le Congrès pourrait n’être que le premier acte d’un bras de fer prolongé.
Entre équilibre budgétaire et protection sociale, le vote du Congrès s’annonce comme un test décisif pour l’avenir du territoire. Le choix sera clair : investir dans la relance au risque de heurter les acquis… ou préserver les aides actuelles en laissant filer la dette.