En mai dernier, Poya est devenue la première commune de la zone VKP à inaugurer un centre de tri et de transfert (CTP), marquant un tournant dans la gestion locale des déchets. Équipé de cinq bennes spécialisées et pensé pour accueillir particuliers comme professionnels, cet outil moderne ambitionne de mettre un terme progressif aux dépotoirs sauvages qui jalonnent encore certaines zones de la commune.
Un équipement pensé pour tous les types de déchets
Le CTP de Poya dispose de cinq bennes : deux pour les ordures ménagères, une pour les encombrants, une pour les métaux ferreux et une autre pour les métaux non ferreux. À cela s’ajoutent des espaces dédiés aux huiles usagées et aux appareils électroménagers hors froid, permettant un tri plus poussé.
Le centre accueille l’ensemble des déchets de la commune, qu’ils viennent des habitants ou des entreprises
explique un responsable municipal. Le site est pour l’instant ouvert du lundi au vendredi, avec un agent sur place pour orienter les usagers.
Marie-Louise, habitante de Poya Sud, utilise le centre depuis son ouverture :
Au début, je n’étais pas sûre que ça changerait vraiment nos habitudes. Mais finalement, avec les sacs fournis et la collecte régulière, c’est devenu beaucoup plus simple. Avant, on devait se débrouiller avec les vieux dépotoirs, ça attirait les chiens et c’était pas joli à voir. Maintenant, on sait où vont nos déchets et on a l’impression de faire un geste pour notre commune
Un système d’inscription et de collecte organisé
Pour accéder au service, il faut s’inscrire auprès de la régie municipale. Les tarifs varient : 9 000 francs par semestre pour les habitants des tribus éloignées, de Moindou et de Poya Sud, et 13 000 francs pour ceux du village et de Népoui. L’inscription donne droit à une carte d’accès ainsi qu’à des sacs poubelles pour les déchets ménagers.
La collecte se fait deux fois par semaine en zone urbaine, une fois en zone non urbaine. Les habitants peuvent également déposer directement leurs déchets au centre. Une fois pleines, les bennes sont acheminées vers l’Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND) de la plaine de Gaillac à Pouembout.
Jean-Marc, artisan menuisier à Népoui, voit dans le centre de tri un vrai atout pour son activité :
Avant, je devais faire des kilomètres pour déposer mes chutes de bois et de métal, ou les stocker sur mon terrain en attendant de trouver une solution. Aujourd’hui, je peux tout trier directement à Poya, c’est rapide et bien organisé. Ça me fait gagner du temps et ça évite que les déchets traînent sur les chantiers.
Un objectif clair : tourner la page des dépotoirs sauvages
Pour la municipalité, l’enjeu est environnemental mais aussi culturel : changer les habitudes de consommation et de gestion des déchets.
On va progressivement fermer les dépotoirs sauvages, comme celui de Poya et de Népoui, et bientôt ceux des tribus
précise la commune. Ce changement s’inscrit dans une démarche plus large de préservation des paysages et de réduction des pollutions.
Un investissement lourd, mais stratégique
Le projet a coûté 140 millions de francs, financé à 80 % par la province Nord, 20 % par la commune, avec un complément du fonds TAP, la taxe de soutien aux actions de lutte contre les pollutions du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Pour les élus, cet investissement est stratégique : il offre à la commune une solution durable pour la gestion des déchets tout en s’inscrivant dans la politique environnementale provinciale.
Avec ce centre, Poya s’impose comme un modèle dans la zone VKP pour la gestion raisonnée des déchets. Si le succès du dispositif dépendra de l’adhésion des habitants et des professionnels, la commune a déjà franchi une étape décisive vers la fin des dépotoirs sauvages et une meilleure protection de l’environnement.