La crise tarifaire entre Washington et New Delhi début août 2025 fragilise un équilibre géopolitique déjà précaire. Pékin pourrait en être le grand gagnant.
Un partenariat indo-américain sous pression
L’Inde et les États-Unis avaient consolidé leurs liens ces vingt dernières années, notamment via l’accord nucléaire civil de 2008 et leur coopération dans le Quad. Ce front commun visait à contrer la montée en puissance de la Chine dans l’Indo-Pacifique. Les échanges bilatéraux dépassaient 190 milliards de dollars en 2024, soutenus par des contrats d’armement et des partenariats technologiques.
Mais le 6 août 2025, Donald Trump impose 50 % de droits de douane sur de nombreuses exportations indiennes, officiellement en réponse aux achats de pétrole russe par New Delhi. Les secteurs du textile, de la joaillerie, de la chimie et de l’agroalimentaire sont touchés. Cette mesure, perçue comme punitive, jette un froid sur la relation stratégique.
Pékin, l’opportuniste du moment
Si la crise perdure, New Delhi pourrait réduire sa dépendance à Washington et explorer un rapprochement tactique avec la Chine. Déjà, les deux capitales ont entamé un réchauffement discret : reprise partielle du commerce bilatéral, discussions sur un paquet commercial incluant engrais, médicaments et terres rares, et assouplissement des restrictions chinoises sur les exportations d’urée vers l’Inde.
Les différends frontaliers restent vifs, mais les deux géants asiatiques partagent un intérêt commun : limiter les effets des sanctions et restrictions américaines. Cette convergence pragmatique pourrait éroder le rôle de l’Inde comme pilier exclusif du Quad.
Un triangle stratégique en recomposition
Le triangle Inde–États-Unis–Chine entre dans une phase d’incertitude. Washington voit s’éroder son influence sur New Delhi, tandis que Pékin teste les limites d’une coopération sélective. Pour l’Inde, l’enjeu est clair : préserver son autonomie stratégique tout en diversifiant ses partenariats économiques et sécuritaires.
À court terme, cette recomposition pourrait :
fragiliser la posture du Quad dans l’Indo-Pacifique,
renforcer les échanges commerciaux sino-indiens,
pousser Washington à revoir sa stratégie vis-à-vis de l’Inde.