Le Caillou veut se doter d’un plan d’action musclé pour refonder sa politique du logement.
Face à l’urgence sociale, le gouvernement calédonien sort l’artillerie lourde, réglementaire et financière.
Un constat alarmant sur le logement
Le gouvernement calédonien a déposé sur le bureau du Congrès un texte fondateur pour orienter l’urbanisme et l’habitat des prochaines années. Le diagnostic est clair : taux de vacance en hausse, demande persistante, financement du logement social en crise et absence de politique globale. Les chiffres donnent le vertige : plus de 109 000 logements recensés, mais un parc social limité à 15 % des résidences principales, avec des poches de vacance atteignant 14 %. Les impayés locatifs dépassent 2,1 milliards F CFP et les aides au logement territoriales affichent un trou budgétaire d’un milliard pour 2025.
À ces fragilités structurelles s’ajoutent le ralentissement économique, la crise Covid et les émeutes de mai, qui ont mis le secteur à genoux. La conséquence ? Un risque social explosif si aucune réforme d’ampleur n’est menée.
Un arsenal de réformes pour l’habitat et l’urbanisme
L’axe central du projet : créer un Code de l’Habitat calédonien, unifiant et modernisant l’ensemble des textes. Ce chantier colossal passera par un inventaire juridique complet, l’actualisation de lois obsolètes — comme celle de 1989 sur les rapports locatifs — et la mise en conformité des règles d’insalubrité datant… des années 1930.
Parallèlement, une réforme de l’Aide au logement territoriale (ALT) est engagée pour garantir les aides aux plus vulnérables et sécuriser le dispositif via de nouvelles ressources fiscales. Autre pilier : le Fonds d’adaptation et de rénovation pour l’équité sociale et territoriale (FARÉ), destiné à réhabiliter les logements vacants, relancer les quartiers sensibles et adapter l’habitat au changement climatique.
Le texte introduit également un cadre pour réduire les inégalités urbaines, ciblant des zones comme Montravel, Magenta ou Rivière-Salée, avec des programmes mêlant réhabilitation, équipements publics et lutte contre la ségrégation socio-spatiale.
Une stratégie financée et coordonnée
Le financement repose sur un mix d’aides de l’État, de subventions provinciales et de garanties d’emprunt. Mais le gouvernement veut aller plus loin : intégrer les organismes calédoniens à la Caisse de garantie du logement locatif social pour sécuriser leurs finances et mutualiser l’expertise.
Le projet prévoit aussi un inventaire exhaustif des logements pour orienter les politiques publiques et s’appuyer sur l’ingénierie territoriale de l’État. Côté urbanisme, la refonte du code de 2015 introduira des principes directeurs adaptés aux réalités locales et au climat, tout en renforçant la cohérence entre provinces, communes et gouvernement.
Pour le président du gouvernement, cette réforme est « un engagement ferme à offrir un habitat digne, sûr et adapté à tous les Calédoniens ». Reste à transformer cette ambition en résultats tangibles sur le terrain.