La Nouvelle-Calédonie est à un tournant. Manuel Valls veut convaincre, le FLNKS des ultras campe sur ses positions.
Entre menaces de chaos et volonté d’ordre, l’avenir du territoire se joue autour de Bougival.
Valls monte au front pour Bougival
Le ministre des Outre-mer a lancé une offensive médiatique avant son arrivée sur le Caillou, prévue ce mardi 19 août et qui doit durer jusqu’au samedi 23 août. Dans un entretien au Parisien, Manuel Valls assume sa ligne :
L’accord de Bougival doit se mettre en œuvre et il va se mettre en œuvre.
Pour l’ancien Premier ministre, ce texte signé le 12 juillet entre loyalistes, modérés et indépendantistes reste la seule issue possible.
Son message est clair : sans ce compromis, la Nouvelle-Calédonie plongerait dans l’instabilité. Il agite le spectre de la crise économique : arrêt des investissements, menace sur les trois usines de nickel, pertes massives d’emplois et aides de l’État réduites au minimum.
La jeunesse océanienne serait la première victime, prévient-il.
Le FLNKS dans le déni et la fuite en avant
Face à lui, le FLNKS multiplie les revirements. Christian Tein avait laissé entendre un accord tacite, avant de renier sa parole. Désormais, le mouvement refuse toute ratification, au nom d’une souveraineté kanak qu’il veut imposer dès 2027.
Une posture dénoncée par Valls :
Nous pouvons enrichir l’accord, mais nous ne pouvons pas remettre en cause son équilibre.
Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne, a confirmé ce rejet lors d’un congrès extraordinaire, assurant que le projet était « incompatible avec les acquis de la lutte ».
Un discours d’exclusion qui laisse peu de place à la concertation avec les loyalistes et les modérés de l’UNI ou de l’UPM.
Un territoire au bord du chaos
En toile de fond, la violence récente pèse sur chaque mot. L’insurrection du 13 mai 2024, orchestrée par Tein et ses proches, a causé 14 morts et plus de 200 milliards CFP de pertes économiques.
Le climat reste explosif : ce lundi 18 août, la RP1 au Mont-Dore est fermée pour une reconstitution dans l’affaire du gendarme Nicolas Molinari, tué à 22 ans en service.
Dans ce contexte, Valls veut rassurer les loyalistes : l’État restera garant de l’ordre public et de la démocratie. Mais il reconnaît les tensions :
Les risques de confrontation existent réellement.
S’il tend la main au FLNKS et se dit prêt à rencontrer le président du front indépendantiste, toujours mis en examen et interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie, il refuse pourtant l’illusion du compromis permanent :
Je ne veux pas passer en force. Mais il n’y a pas d’alternative crédible à Bougival.
Au fond, Bougival est le dernier rempart face au vide politique que brandit le FLNKS. Valls l’a compris : céder, c’est ouvrir la voie au chaos ; rester ferme, c’est donner à la Nouvelle-Calédonie une chance de stabilité et d’avenir dans la République.