400 délégués réunis, quatre axes de réflexion, un avenir en débat. À Siloam, l’EPKNC s’offre une grand-messe aussi spirituelle que politique.
Une mobilisation sans précédent à Lifou
Depuis le vendredi 15 août, la tribu de Siloam accueille plus de 400 délégués de l’Église protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC). Quatre journées intenses, rythmées par des méditations, des ateliers et des débats, sont structurées autour de quatre axes : évangélisation, formation, organisation et finances.
Le programme est millimétré : séances plénières le matin, assises thématiques l’après-midi, avec des temps de culte et de repos.
Le mot d’ordre est clair : « écouter, discerner et agir », selon le président de l’EPKNC, le pasteur Var Kaemo. La présence de représentants coutumiers et d’experts marque l’ambition d’une Église qui entend être actrice du débat public et non simple spectatrice.
Une Église entre foi et politique
L’EPKNC n’est plus cantonnée à sa mission spirituelle. Sous l’impulsion du pasteur Var Kaemo, son président, l’institution a pris un virage politique assumé. Ces derniers mois, l’Église s’est illustrée par des prises de position virulentes contre le ministre Manuel Valls et l’accord de Bougival. Des déclarations qui, pour beaucoup, dépassent le champ religieux et s’apparentent à un discours militant.
Certains cadres n’hésitent pas à afficher leur proximité avec les émeutiers du 13 mai 2024, au risque d’entacher la crédibilité spirituelle de l’institution. L’EPKNC se place ainsi à la croisée des chemins : doit-elle rester une Église ou se transformer en mouvement politique masqué ?
Définir une feuille de route pour 15 ans
Au-delà des polémiques, l’objectif affiché des assises est de tracer une feuille de route pour la prochaine décennie et demie.
Il s’agit de bâtir une Église enracinée dans sa culture, éclairée par l’Évangile, engagée dans la société et inclusive dans sa gouvernance, martèle le pasteur Kaemo.
Un programme ambitieux, qui sera prolongé par le synode général de l’EPKNC, prévu du 21 au 23 août.
Reste à savoir si la communauté suivra ce cap. Les fidèles attendent des réponses concrètes sur la formation des pasteurs, la gestion des finances et la capacité d’organisation de l’institution. Mais une question brûle toutes les lèvres : l’EPKNC choisira-t-elle de recentrer son action sur la foi ou de persister dans une voie politique qui divise profondément le pays ?