Trois vies fauchées, neuf blessés et une ville sous le choc. New York a de nouveau été rattrapée par la violence des armes, en plein cœur de Brooklyn.
Une fusillade d’une rare intensité plongeant la terreur dans un bar bondé, laissant derrière elle chaos et désolation.
Un samedi soir transformé en bain de sang
Il était environ 3 h 30 du matin, dans la nuit de samedi 16 à dimanche 17 août, quand le drame a éclaté. Dans le quartier de Crown Heights, Le Taste of the City Lounge, un bar caribéen très fréquenté, s’est transformé en scène de guerre. Plusieurs coups de feu ont retenti, semant la panique parmi des dizaines de clients venus simplement passer leur soirée.
Le bilan est terrible : trois hommes ont perdu la vie. Un jeune de 19 ans est mort sur place, tandis que deux autres victimes âgées de 27 et 35 ans ont succombé à l’hôpital. Au total, douze personnes ont été touchées, dont neuf hommes et trois femmes. Certaines souffrent de blessures légères, d’autres ont échappé de peu à la mort.
Les témoins décrivent une atmosphère de chaos absolu. Les clients se sont jetés au sol, tentant de se protéger, tandis que les assaillants vidaient leurs chargeurs.
Je me suis dit que j’allais mourir, confie une survivante encore sous le choc.
Piste privilégiée : un règlement de comptes entre gangs
Les premières constatations des forces de l’ordre sont sans appel : au moins quatre tireurs auraient pris part à la tuerie. 42 douilles de calibres 9 mm et 45 mm ont été retrouvées sur place. Une arme a également été découverte à proximité, mais son lien avec le drame reste à établir.
Selon la commissaire de police de New York, Jessica Tisch, tout porte à croire à une affaire liée aux gangs. Un constat glaçant mais tristement habituel dans une ville où, malgré les efforts de la municipalité, la criminalité organisée reste une réalité quotidienne. On estime que près de 60 % des fusillades recensées à New York ces dernières années sont directement reliées à ces affrontements entre bandes.
Pour les enquêteurs, le scénario est clair : une dispute à l’intérieur du club bondé aurait dégénéré en règlement de comptes armé. Les vidéos de surveillance, actuellement analysées, devraient confirmer l’identité des tireurs.
Une ville sous tension malgré la baisse des attaques armées
Ce nouveau drame sanglant intervient alors que le maire Eric Adams et la police new-yorkaise mettaient en avant une baisse significative de la criminalité armée. Plus de 2 000 armes illégales ont été saisies depuis le début de l’année, et le nombre de fusillades était annoncé au plus bas depuis sept mois.
Mais ces chiffres ne suffisent pas à masquer l’horreur. Pour les familles endeuillées, pour les blessés et pour ceux qui ont frôlé la mort, les statistiques ne veulent rien dire.
Cela ne réconforte pas les victimes de la violence armée, a reconnu le maire, amer, face aux journalistes.
Cette tragédie rappelle surtout que New York n’est pas à l’abri d’une recrudescence de violences. En juillet déjà, la ville avait été marquée par une autre tuerie de masse, lorsqu’un ancien joueur de football américain avait tué quatre personnes dans un gratte-ciel avant de retourner l’arme contre lui.
À Crown Heights, les habitants restent choqués. Certains redoutent que ce nouvel épisode sanglant ne ravive les tensions communautaires dans un quartier marqué par la cohabitation entre communautés juives, caribéennes et afro-américaines. Pour l’heure, la police écarte la thèse d’une attaque ciblée contre une communauté et privilégie fermement la piste des gangs.