Après des décennies de « dividende de la paix » consécutives à la chute du mur de Berlin, l’Europe s’est brutalement réveillée. L’annexion de la Crimée en 2014, puis l’invasion de l’Ukraine en 2022, ont bouleversé les équilibres. Résultat : les dépenses militaires cumulées des États membres de l’Union européenne sont passées de 226 milliards de dollars (25 300 milliards F CFP) en 2005 à 357 milliards de dollars (39 900 milliards F CFP) en 2023, faisant de l’Europe la zone où la croissance des achats d’armement est la plus rapide au monde.
Les champions français de l’armement
La France reste un pilier de cette montée en puissance. Ses entreprises historiques dominent l’industrie européenne :
- Thales : 10,4 milliards $ (1 165 milliards F CFP)
- Naval Group : 4,6 milliards $ (515 milliards F CFP)
- Safran : 4,5 milliards $ (504 milliards F CFP)
- Dassault Aviation : 3,2 milliards $ (358 milliards F CFP)
- CEA : 2,9 milliards $ (325 milliards F CFP)
Ces groupes figurent parmi les acteurs majeurs mondiaux et tirent les exportations françaises vers le haut. Les résultats financiers impressionnants témoignent de la place stratégique qu’occupe la France sur le marché international de la défense.
La France, 2ᵉ exportateur mondial d’armes
Entre 2020 et 2024, la France a livré des systèmes d’armement à 65 pays. Avec près de 10 % de parts de marché, elle se classe deuxième exportateur mondial, derrière les États-Unis (43 %), mais devant la Russie (8 %), la Chine et l’Allemagne (6 % chacune). Rafale, frégates et sous-marins ont trouvé preneur sur tous les continents. Concrètement, cela représente des ventes annuelles de plusieurs dizaines de milliards de dollars, soit des centaines de milliards de F CFP injectés dans l’économie française et ses emplois industriels.
La première armée de l’Union européenne
Sur le plan militaire, la France détient la première armée de l’Union européenne. Elle se classe 7ᵉ puissance mondiale selon l’indice Global Firepower, devant l’Italie (10ᵉ) et l’Allemagne (14ᵉ). Avec 200 000 militaires, l’armée française reste loin des mastodontes américain (1,3 million), russe (1,3 million) et ukrainien (900 000), mais conserve une avance stratégique en Europe, notamment grâce à sa dissuasion nucléaire. Les budgets militaires français se chiffrent en dizaines de milliards de dollars par an, soit plusieurs milliers de milliards F CFP, ce qui fait de Paris un acteur incontournable sur la scène géopolitique.
La dépendance persistante aux États-Unis
Si l’Europe se réarme, elle reste encore dépendante de Washington. En moyenne, 53 % des armes importées par les pays européens proviennent des États-Unis. Pour certains États, la dépendance est quasi totale : 97 % pour les Pays-Bas, 94 % pour l’Italie, 91 % pour la Norvège. La France fait figure d’exception, avec seulement 17 % d’achats américains, mais l’avion furtif F-35 illustre à lui seul le poids de l’industrie américaine sur le Vieux Continent. Cette dépendance pèse des dizaines de milliards de dollars, soit des milliers de milliards F CFP, transférés chaque année vers les États-Unis.
Les pays de l’Est en première ligne
Autre enseignement : ce sont les pays les plus proches de la Russie qui s’arment le plus. La Pologne consacre plus de 4 % de son PIB à la défense, soit un effort proportionnel sans équivalent en Europe occidentale. Les pays baltes, la Finlande et la Roumanie renforcent également leurs budgets, conscients de la menace à leurs frontières. Cet effort militaire représente, pour ces nations, des milliards de dollars de dépenses supplémentaires, équivalant à plusieurs centaines de milliards F CFP.
La fin d’une parenthèse
Pendant plus de 30 ans, l’Europe a vécu dans l’illusion d’une paix durable. Les dépenses militaires en pourcentage du PIB n’ont cessé de baisser depuis les années 1960 : de 5,4 % en France au début de la Ve République, elles sont tombées à 2,1 % aujourd’hui. En Allemagne, la chute est encore plus nette (3,4 % dans les années 1960, 1,3 % en 2024). Mais la guerre en Ukraine a marqué la fin brutale de cette parenthèse. La remontée des budgets militaires se chiffre déjà à plusieurs dizaines de milliards de dollars (des milliers de milliards F CFP) chaque année.
Une Europe à la croisée des chemins
L’Union européenne a désormais un choix à faire : continuer à dépendre des États-Unis, ou construire sa propre autonomie stratégique. Avec sa puissance militaire, son industrie d’armement et sa dissuasion nucléaire, la France est aujourd’hui la mieux placée pour incarner ce leadership. Mais encore faut-il que les autres pays européens en aient la volonté politique et budgétaire. L’avenir du continent se joue désormais à coups de milliards de dollars et de milliers de milliards F CFP investis dans la défense.
Ce panorama chiffré montre une réalité implacable : après avoir trop longtemps cru au désarmement, l’Europe a engagé une course contre la montre pour rattraper son retard. Et au cœur de cette mutation, la France tient toutes les cartes pour devenir la puissance militaire de référence sur le continent.