Un pays en deuil, une institution frappée en plein cœur. Plus d’un an après les émeutes sanglantes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie, l’enquête sur la mort du gendarme Nicolas Molinari connaît un tournant décisif. Trois suspects viennent d’être mis en examen. Cette avancée redonne à la Nation l’espoir d’une vérité judiciaire longtemps attendue.
Un tournant dans l’enquête sur la mort du gendarme Molinari
Le nom de Nicolas Molinari est gravé dans la mémoire collective. Ce jeune gendarme mobile de 22 ans, affecté à l’escadron de Melun, a été tué le 15 mai 2024, atteint d’une balle en pleine tête alors qu’il participait à une mission de maintien de l’ordre au Mont-Dore, dans le secteur sensible de Saint-Louis. Deux jours seulement après le déclenchement des émeutes, il perdait la vie pour avoir servi la République.
Selon l’AFP, trois individus soupçonnés d’implication dans ce drame ont été mis en examen. Ils faisaient partie de la dizaine de personnes activement recherchées depuis juillet 2024, principalement dans la tribu de Saint-Louis, bastion indépendantiste où les forces de l’ordre ont essuyé de nombreux tirs et embuscades.
Une enquête longue et sous tension
Dès l’origine, l’affaire Molinari a mobilisé des moyens exceptionnels. Le parquet avait indiqué en novembre dernier que « de nombreuses auditions et des actes de police scientifique et technique » avaient été réalisés. Mais pendant de longs mois, les investigations semblaient piétiner, la tribu de Saint-Louis restant difficilement accessible aux enquêteurs.
Plusieurs suspects s’étaient déjà livrés d’eux-mêmes après l’opération du GIGN, en septembre 2024, qui avait coûté la vie à deux jeunes de la tribu, Samuel Moekia et Johan Kaidine. Cette opération coup de poing illustrait à quel point la zone restait instable et hors de contrôle.
Dans la nuit du 18 au 19 août 2025, une reconstitution a enfin pu se tenir. Sous haute surveillance, quatre kilomètres de route longeant Saint-Louis ont été totalement bouclés de 19h à 5h du matin. Véhicules civils, forces de gendarmerie mobiles massivement déployées, contrôles renforcés : tout a été mis en œuvre pour sécuriser une opération judiciaire sensible. Les journalistes, eux, ont été tenus à distance, signe du climat toujours tendu autour de ce dossier.
Un drame qui incarne les violences de 2024
La mort de Nicolas Molinari n’est pas un fait divers isolé, mais l’un des symboles d’un basculement tragique. Les émeutes de mai 2024 ont éclaté après l’adoption de la réforme du corps électoral, rejetée par le camp indépendantiste. Le bilan a été lourd : 14 morts, dont deux gendarmes. À côté de Molinari, Xavier Salou, autre militaire déployé sur le territoire, avait perdu la vie dans un accident d’arme, juste avant une mission.
Ces violences ont traumatisé la Nouvelle-Calédonie et rappelé la fragilité de la paix civile sur l’archipel. La République y a payé un prix élevé : jeunes gendarmes fauchés, habitants terrorisés, routes bloquées, infrastructures détruites.
Pour les familles de victimes, comme pour l’institution, la mise en examen de trois suspects redonne un souffle de perspective. Un espoir que justice soit rendue, que la mémoire du maréchal des logis-chef Molinari, promu à titre posthume, soit honorée par la vérité judiciaire.
La France attend désormais un procès à la hauteur de ce drame. Il ne s’agit pas seulement de juger des individus, mais de réaffirmer l’autorité de la loi sur un territoire où elle est trop souvent contestée.
La mémoire de Nicolas Molinari, jeune homme engagé au service de la République, appelle justice et vérité. La procédure ne fait que commencer, mais une étape essentielle vient d’être franchie.