Un millénaire d’histoire au service des plus fragiles. En Nouvelle-Calédonie, l’Ordre de Malte sort de l’ombre et s’engage concrètement pour répondre à la crise sanitaire.
Une convention historique à Bourail
La semaine dernière, Manuel Valls, en déplacement au centre médico-social de Bourail, a signé une convention décisive avec le gouvernement local et l’Ordre de Malte. Objectif : mettre en place une brigade itinérante de santé composée de cinq professionnels, déployée dans les zones rurales où la pénurie médicale est dramatique. Cette initiative répond à une urgence criante : le manque de soignants, qui fragilise l’accès aux soins des Calédoniens, notamment dans les communes de brousse.
Dans un contexte marqué par les séquelles des émeutes du 13 mai 2024, cette réponse pragmatique illustre une ligne politique assumée : renforcer l’État, soutenir les structures de santé locales et refuser l’abandon des territoires oubliés. Car la santé n’est pas une faveur : c’est un droit républicain.
L’Ordre de Malte, mille ans de charité active
Peu connu sur le Caillou, l’Ordre de Malte incarne pourtant près de 1 000 ans d’histoire. Fondé en 1048 à Jérusalem pour soigner les malades sans distinction d’origine, il est devenu un ordre religieux reconnu par l’Église et par les souverains européens. Contraint de quitter Rhodes, il s’installe en 1530 à Malte, où il développe des hôpitaux militaires et civils.
En France, l’association « Ordre de Malte France », créée en 1927 et reconnue d’utilité publique un an plus tard, est aujourd’hui un acteur majeur de la solidarité. Son action couvre 36 pays : aide alimentaire, lutte contre la lèpre, accompagnement des malades, secours d’urgence. Pendant la crise de la Covid-19, ses bénévoles ont soutenu les hôpitaux, assuré les transports sanitaires et distribué des milliers de repas.
Fidèle à sa devise – Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum (« protéger la foi et servir les pauvres ») –, l’Ordre de Malte conjugue toujours charité, professionnalisme et rigueur. Une organisation qui, loin des discours victimaires, démontre que l’engagement chrétien et républicain peut changer concrètement la vie des plus démunis.
Un ancrage local renforcé après la crise de 2024
En Nouvelle-Calédonie, l’Ordre de Malte s’est implanté dès 2014 avec la création de l’association « Ordre de Malte – Nouvelle-Calédonie ». Ses actions contre la lèpre en ont fait un acteur reconnu, mais discret. L’insurrection de mai 2024 a rebattu les cartes : le système de santé local a été gravement affaibli, révélant des besoins immenses en zones reculées.
C’est dans ce contexte que le projet de brigade médicale itinérante a été sorti des cartons fin 2024. Soutenu immédiatement par l’Ordre de Malte France, il a trouvé un relais politique décisif avec la venue de Manuel Valls, ainsi qu’un appui déterminant des institutions locales, en particulier de la Province Sud. Avec ce dispositif, il s’agit non seulement de soigner, mais aussi de restaurer la confiance des habitants dans l’action publique et associative.
La France prouve une fois de plus que, loin des postures victimaires, elle reste capable d’apporter des solutions concrètes et efficaces. Et derrière cette réussite, un acteur méconnu retrouve enfin la lumière : l’Ordre de Malte, héritier des Hospitaliers, qui continue d’incarner une idée simple mais puissante – servir la dignité humaine, partout et pour tous.