Trois jours de fête, de tradition et de saveurs : Lifou se prépare à accueillir un rendez-vous unique. Mais derrière les sourires et la convivialité, l’ombre des difficultés aériennes et des nouvelles taxes plane.
Un rendez-vous populaire au cœur de Drehu
Du 29 au 31 août, la Fête du Santal et du Miel revient à Lifou, sur le site de Xepenehe. Trois jours d’animations viendront mettre en valeur les savoir-faire traditionnels, l’artisanat et la gastronomie. Les visiteurs pourront découvrir la construction de pirogues, la médecine traditionnelle, des ateliers de vannerie, mais aussi profiter d’un grand concours de miel, d’un défilé de mode, de concerts et d’un bougna de l’amitié.
Cette édition marque également les 30 ans du tourisme de croisière à Drehu et ceux de la troupe de danse du Wetr. Une double célébration qui illustre le rôle central de l’île dans le rayonnement culturel et touristique de la Nouvelle-Calédonie. Avant la crise sanitaire et les émeutes de mai 2024, Lifou accueillait chaque année près de 100 escales de paquebots, faisant d’elle la vitrine du territoire pour les croisiéristes internationaux.
Aircal en crise : des festivités sous contrainte
Si la fête s’annonce grandiose, elle risque toutefois d’être ternie par les perturbations aériennes. Depuis plusieurs semaines, Air Calédonie connaît des problèmes techniques, provoquant retards à répétition et annulations de vols de dernière minute. Une situation qui complique l’acheminement des visiteurs vers les Îles Loyauté et menace directement la fréquentation de l’événement.
Pour une île comme Lifou, fortement dépendante du transport aérien, ces dysfonctionnements nourrissent un profond mécontentement. Les habitants dénoncent un service défaillant, tandis que les acteurs économiques redoutent une baisse de fréquentation. Sans desserte fiable, c’est tout un pan du tourisme local qui chancelle.
Une taxe sur la croisière pour relancer le secteur
Au-delà des difficultés aériennes, l’avenir du tourisme calédonien se joue aussi sur le front maritime. Le 26 juin dernier, le Congrès a adopté une taxe appliquée aux croisières : désormais, chaque passager débarquant en Nouvelle-Calédonie devra s’acquitter d’un montant fixe par escale.
L’objectif est clair : générer environ 800 millions de francs CFP par an pour financer la modernisation des infrastructures et soutenir la promotion du secteur. Dans le détail, 60 % de cette manne sera versée à un fonds dédié au développement du tourisme de croisière, tandis que le reste sera partagé entre Nouvelle-Calédonie Tourisme et le port autonome.
Si la mesure est saluée comme un levier de financement, certains craignent que cette taxe n’incite les compagnies à privilégier d’autres destinations du Pacifique. À Lifou, où les croisières représentent une part essentielle de l’économie locale, l’enjeu est donc crucial.
La Fête du Santal et du Miel illustre parfaitement les atouts et les fragilités de la Nouvelle-Calédonie. D’un côté, une richesse culturelle et naturelle, plébiscitée par les touristes. De l’autre, une dépendance à des infrastructures défaillantes et des arbitrages fiscaux encore incertains.
Entre célébration du patrimoine, colère contre Aircal et débats autour de la taxe croisière, Lifou s’apprête à vivre un moment à la fois festif et révélateur. Plus qu’une simple fête, c’est un miroir tendu au pays : sa capacité à valoriser son identité tout en affrontant ses blocages structurels.