Le 21 juillet 2025, au petit matin, une scène d’une rare violence s’est produite à Farino. Un individu s’introduit dans une habitation et tombe nez à nez avec un garçon de 11 ans dans la cuisine. Pris sur le fait, il repousse violemment l’enfant à plusieurs reprises avant de s’enfuir avec un simple téléphone portable. L’affaire aurait pu passer pour un cambriolage banal ; elle est devenue le symbole d’un basculement : même la Brousse calédonienne, réputée paisible, est désormais touchée par une violence inacceptable.
Les faits ont bouleversé la famille mais aussi la commune entière, où l’on parle encore de ce « matin de cauchemar ». Dans une société fragilisée par les crises successives, voir un enfant agressé à son domicile constitue un choc collectif.
Une enquête rapide, un suspect déjà connu
L’émotion a trouvé une réponse grâce au travail méthodique des gendarmes de La Foa, épaulés par la brigade de recherches de Nouméa. Recoupements d’éléments, auditions, témoignages : l’enquête a permis d’identifier un suspect déjà incarcéré pour une autre affaire. L’enfant victime l’a formellement reconnu.
L’auteur présumé sera jugé devant le tribunal correctionnel en septembre 2025 pour vol aggravé avec violences. La procédure judiciaire suit son cours, mais pour la population locale, le mal est fait : la confiance dans la sécurité quotidienne est ébranlée.
Les maires en première ligne : « Trop, c’est trop »
Dès le lendemain des faits, les maires de Boulouparis, Farino, La Foa, Moindou et Sarraméa ont pris la parole. Ensemble, ils dénoncent une escalade de la violence qui frappe désormais le cœur même de leurs foyers. Leur communiqué commun sonne comme un avertissement : « l’agression d’un enfant chez lui, c’est le cœur de nos familles qui est visé ».
Depuis plusieurs années, ces communes rurales ont investi dans la vidéoprotection et multiplié les patrouilles de gendarmerie et de vigiles. Pourtant, les habitants constatent que ces mesures ne suffisent plus. La peur s’installe et nourrit un discours dangereux : celui d’une possible auto-défense, signe d’un désespoir face à l’impuissance ressentie.
Une crise de confiance qui appelle une réponse ferme
Au-delà du cas de Farino, cet acte réveille une angoisse partagée : la banalisation de la violence. Les élus réclament des renforts humains, policiers et judiciaires, pour enrayer une spirale jugée incontrôlable. Ils insistent sur la nécessité d’une justice rapide, adaptée aux réalités locales, et appellent à une mobilisation citoyenne pour ne pas céder au fatalisme.
Les pompiers calédoniens, eux aussi victimes d’agressions ces derniers mois, ont apporté leur soutien à la famille et aux élus. Dans un message en ligne, ils dénoncent la « lâcheté » de ces actes et interpellent les parents : « Vos enfants risquent leur vie en se prêtant à ces incivilités. »
Face à une société calédonienne fragilisée par les tensions économiques et sociales, l’affaire de Farino devient plus qu’un fait divers. Elle incarne une fracture : entre un passé où la Brousse vivait portes ouvertes et un présent où la peur dicte désormais les gestes du quotidien.