Dans sa synthèse annuelle de 2024 sur le tourisme, l’ISEE-NC est sans équivoque : deux chiffres suffisent à résumer l’année : une chute de 53 % du tourisme en Nouvelle-Calédonie et un record de faiblesse depuis trente ans. L’île, joyau du Pacifique français, a été frappée de plein fouet par les violences de mai dernier.
Un début d’année prometteur anéanti par le chaos
Au premier trimestre, tout laissait penser à une année record. Avec 25 770 visiteurs, la Nouvelle-Calédonie retrouvait déjà presque les niveaux de 2019. L’aérien se développait, de nouvelles lignes s’ouvraient, et le pays surfait sur une reprise confirmée en 2023. Mais le mois de mai a tout balayé : couvre-feu, état d’urgence, fermeture de l’aéroport de Tontouta. En trois semaines, l’image d’une destination accueillante a viré à celle d’une zone instable. Résultat : un effondrement de 84 % de la fréquentation entre avril et juin, et un secteur plongé dans le chaos.
Les clientèles étrangères fuient le Caillou
L’impact a été immédiat sur les marchés étrangers. Les Australiens et Néo-Zélandais, première clientèle touristique, ont déserté massivement après les mises en garde de leurs gouvernements : seulement 13 780 visiteurs contre 43 000 l’an passé. Les Japonais ont eux aussi fui, enregistrant une baisse de 60 %. Même le secteur de la croisière, en pleine croissance, s’est effondré : six mois sans aucune escale, puis une reprise timide fin 2024. Au total, seulement 191 530 croisiéristes ont débarqué, contre 343 700 en 2023. Cette fuite des visiteurs a réduit à néant les efforts de relance et frappé de plein fouet les commerçants et les îles dépendantes du tourisme.
Une survie assurée par les Métropolitains et Wallisiens
Face à la désertion étrangère, seuls les touristes venus de métropole et de Wallis-et-Futuna ont maintenu un minimum d’activité : 24 500 et 7 100 respectivement. Mais leurs séjours étaient essentiellement familiaux ou professionnels, loin du tourisme de loisirs. L’archipel a ainsi perdu sa place sur les circuits internationaux du Pacifique. La vérité est cruelle mais simple : sans sécurité, pas de prospérité. Tant que l’ordre ne sera pas garanti, ni les croisiéristes, ni les marchés asiatiques, ni les voisins australiens ne reviendront.
L’année 2024 restera comme un avertissement. Elle a prouvé que l’insécurité détruit l’économie plus sûrement qu’une crise sanitaire. Pour 2025, le défi est clair : restaurer la confiance, protéger les infrastructures et garantir l’ordre républicain. La Nouvelle-Calédonie ne redeviendra une vitrine française dans le Pacifique — capable d’attirer touristes, investissements et emplois — qu’à ce prix.