La Nouvelle-Calédonie ne transige plus avec la sécurité sanitaire. Face aux menaces venues de l’extérieur, le gouvernement serre la vis pour protéger l’apiculture locale.
Une mesure ferme pour protéger la filière apicole
Ce mercredi 03 septembre 2025, sous la présidence d’Alcide Ponga, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a adopté un arrêté rendant obligatoire la déclaration de toutes les ruches du territoire. Cette décision, attendue par les professionnels, fait suite à une menace précise : l’interception, le 9 janvier 2024, d’abeilles asiatiques Apis cerana porteuses du parasite Varroa sur un paquebot en provenance du Vanuatu.
Ce parasite, déjà présent dans la quasi-totalité des pays voisins (Australie, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée), aurait des conséquences économiques désastreuses en cas d’introduction. Car si la filière apicole calédonienne est modeste, elle est vitale : elle garantit la pollinisation, donc la survie d’une grande partie des productions agricoles locales. Protéger les abeilles, c’est protéger l’agriculture calédonienne et l’indépendance alimentaire du pays.
La fin des dérogations : un suivi strict et obligatoire
Jusqu’ici, le système reposait sur la bonne volonté des apiculteurs via le réseau d’épidémiosurveillance apicole (RESA). Mais ce volontariat montrait ses limites, notamment chez les amateurs. L’arrêté adopté aujourd’hui impose désormais que toute personne détenant au moins une ruche déclare son cheptel auprès du SIVAP.
Chaque apiculteur se verra attribuer un numéro unique (NAPI) qui devra être visible sur au moins 10 % des ruches ou sur un panneau. Cette mesure, applicable dans un délai de six mois, vise à garantir une traçabilité totale et à maximiser les chances de détection précoce en cas d’introduction d’un parasite. C’est aussi une réponse claire aux attentes des apiculteurs professionnels qui dénonçaient depuis longtemps le laxisme ambiant et le manque de rigueur dans la filière.
L’excellence du miel calédonien à défendre
La Nouvelle-Calédonie compte près de 500 apiculteurs pour environ 10 195 colonies recensées en 2019. L’activité reste modeste mais représente l’équivalent de 76 emplois à temps plein et un chiffre d’affaires de 227 millions de francs CFP en 2018. Malgré les difficultés liées à la commercialisation et à la sécheresse de et aux émeutes du 13 mai 2024, la production calédonienne a dépassé les 200 tonnes de miel.
Surtout, le miel calédonien rayonne à l’international. En février 2025, l’apiculteur de Bourail Arnaud Maillochon a remporté une médaille d’or au concours national des miels de France. Dans le même concours, Patrick Leblanc, installé à Lifou, a décroché une médaille d’argent pour son miel tropical « rare ». Des distinctions qui confirment la qualité exceptionnelle de cette production locale et justifient la fermeté des autorités.
Dans un contexte où les menaces sanitaires venues de l’extérieur se multiplient, la décision du gouvernement d’imposer la déclaration obligatoire des ruches est une mesure de bon sens. Elle protège les apiculteurs, mais aussi l’ensemble des filières agricoles. Cette fermeté illustre une volonté claire : préserver la richesse calédonienne face aux périls sanitaires extérieurs, et donner à l’apiculture locale les moyens de continuer à briller, de Bourail à Lifou, sur la scène internationale.