Le Sénat coutumier divise : institution clé pour certains, frein pour d’autres. Témoignages croisés et enjeux d’une légitimité contestée. Sujet brûlant dans Coups de gueule sur Océane FM : le Sénat coutumier. Entre attachement à la coutume et exigence de modernité, les auditeurs ont livré des positions tranchées. Au cœur du débat : la légitimité, l’efficacité et la place des jeunes dans un système perçu tantôt comme protecteur, tantôt comme verrou.
Le reproche : une institution jugée immobile et politisée
Pour une partie des intervenants, le Sénat coutumier peine à s’adapter aux réalités du pays. Un auditeur s’emporte :
Pourquoi le Sénat coutumier du pays, là, il part en France ? […] Ils veulent être souverains, mais ils veulent se greffer à des gens déjà corrompus
Un autre renchérit :
L’argent n’est pas sale. C’est quand l’argent est entre les mains des tyrans que le mal-être s’installe
Derrière ces phrases, une accusation récurrente : confusion des rôles et mélange des genres qui brouillent les repères des jeunes. L’idée d’un conservatisme « qui a horreur du changement » nourrit la défiance et alimente la perception d’un système verrouillé.
La défense : une clé d’entrée incontournable pour faire avancer les dossiers
À l’inverse, d’autres rappellent qu’aucun projet sérieux ne se construit sans la coutume. Une auditrice cite la littérature d’un ancien haut fonctionnaire :
Toutes les affaires qui se traitent en Calédonie ne peuvent pas passer outre le Sénat coutumier. Il faut travailler avec le Sénat coutumier, sinon rien ne marche
Dans cette lecture, le Sénat coutumier joue un rôle de médiation et de légitimation sociale :
La coutume doit être là pour inculquer un vivre-ensemble et encadrer les jeunes décrocheurs
défend un auditeur, qui voit dans l’échelon coutumier un facilitateur pour retisser des trajectoires et prévenir les dérives.
Le point d’équilibre proposé : complémentarité, clarté des rôles et place aux jeunes
Entre rejet frontal et adhésion pleine, des voix appellent à clarifier le périmètre : à chacun sa place, « la coutume complémentaire de la politique, sans confusion ». L’attente, largement partagée, tient en trois mots : transparence, efficacité, jeunesse.
Deux pistes ressortent des témoignages :
- instaurer des canaux formalisés entre Sénat coutumier, écoles et associations pour l’encadrement des jeunes ;
- ouvrir des espaces de parole aux moins de 30 ans dans la fabrique des décisions, pour éviter que « les vieux logiciels » ne dictent seuls la marche du pays.
Le débat ne porte pas seulement sur une institution : il dit la bataille pour la confiance. Sans clarté des rôles, sans résultats visibles et sans la jeunesse à bord, la légitimité restera contestée. À l’inverse, un Sénat coutumier partenaire, lisible, accessible, tourné vers l’insertion, peut redevenir un appui. La balle est dans le camp des décideurs : prouver, par les faits, que la coutume peut être un levier d’avenir, et non un prétexte d’hier.