Nouméa vient de prendre la présidence du congrès PASAY, l’instance qui fédère les institutions supérieures de contrôle du Pacifique. À la tête de cette organisation, Florence Bonnafoux présidente de la Chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie, entend utiliser cette position pour transformer les pratiques d’audit. Son cap est triple : coopération régionale renforcée, ouverture des travaux aux citoyens, et fermeté vis-à-vis des élus qui ne respectent pas la loi.
Coopération régionale : un levier pour améliorer les audits
Le congrès PASAY a réuni 30 États et territoires du Pacifique autour d’un objectif commun : améliorer l’impact des audits publics. La Nouvelle-Calédonie, désormais en présidence tournante, dispose d’une année pour impulser cette dynamique. L’idée est de renforcer les échanges entre institutions, de mutualiser les outils informatiques et de développer des audits conjoints sur des thématiques majeures, comme l’adaptation au changement climatique.
Cette coopération vise à accroître l’efficacité et la crédibilité des contrôles. En s’inspirant des pratiques de ses voisins, la Chambre territoriale des comptes espère moderniser ses méthodes tout en consolidant la place de la Nouvelle-Calédonie dans l’architecture régionale de la transparence publique.
Participation citoyenne : la société civile entre dans le jeu
La Chambre territoriale des comptes s’ouvre désormais aux citoyens grâce à une plateforme participative accessible en ligne tout au long du mois de septembre. Toute personne âgée de plus de 15 ans peut y proposer un thème d’audit. Ce dispositif permet de faire remonter des préoccupations concrètes issues du terrain, parfois négligées dans les programmes de contrôle traditionnels.
L’exemple le plus parlant reste celui des frais de déplacement des élus, thème issu de la précédente édition de la plateforme. L’enquête, publiée en 2024, a abouti à plusieurs recommandations pour encadrer ces dépenses, notamment la mise en place de plafonds plus stricts et l’élaboration de chartes de déontologie. La démarche illustre un tournant : les citoyens ne se contentent plus de subir les décisions publiques, ils peuvent désormais influencer directement les priorités de contrôle.
Responsabilité des élus : l’affaire Poindimié comme signal fort
Au-delà de la coopération régionale et de la participation citoyenne, la Chambre territoriale des comptes doit aussi incarner la rigueur juridique. L’actualité récente en fournit une illustration saisissante : le maire de Poindimié a été condamné pour non-exécution d’une décision de justice liée à un accident de chantier.
C’est la première fois en Nouvelle-Calédonie qu’un élu est sanctionné dans le cadre du nouveau régime de responsabilité des gestionnaires publics, entré en vigueur en 2023. La décision marque une rupture. Elle rappelle que les collectivités locales, au même titre que les citoyens ou les entreprises, doivent se plier aux jugements. Retards de paiement ou difficultés budgétaires ne suffisent plus à justifier l’inaction. Ce cas crée un précédent qui pourrait avoir des répercussions durables sur la gouvernance locale.
En présidant le congrès PASAY, la Chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie affiche son ambition : être à la fois un moteur de coopération régionale, un relais des attentes citoyennes et un gardien de la responsabilité publique. Derrière cette stratégie, une conviction se dessine : la confiance dans les institutions ne pourra être restaurée que par plus de transparence, plus de participation et une application stricte des règles. À l’heure où la gestion publique est scrutée de près, le message envoyé depuis Nouméa est sans ambiguïté : la complaisance appartient au passé.s, suivi des recommandations