Un Congrès en ébullition, une colère qui monte, et un gouvernement aux abonnés absents. La démocratie calédonienne s’est offert un triste spectacle.
Une séance qui démarre fort mais se termine en fiasco
Ce jeudi 4 septembre 2025, les élus du Congrès de Nouvelle-Calédonie se sont réunis pour examiner une série de textes législatifs cruciaux. Les débats ont commencé tambour battant, avec l’adoption à l’unanimité de dispositions relatives aux concours de la fonction publique locale, un signal fort de réforme institutionnelle. Plusieurs subventions ont également été validées, notamment pour la reconstruction des ponts de Névou à Houaïlou et de la Tchamba à Ponérihouen, des infrastructures vitales pour les populations.
Mais le projet phare restait celui sur les évaluations des politiques publiques, porté par la présidente du Congrès, Velyma Faleo, et défendu avec vigueur par Vaimu’a Muliava. Après de longs débats et de multiples amendements, la délibération a été adoptée, saluée comme une mesure de bon sens par le camp de l’Éveil océanien, mais accueillie avec réserve par les loyalistes, qui se sont abstenus. Leur vice-président, Gil Brial, a dénoncé la « lourdeur » du dispositif, allant jusqu’à parler d’une véritable « usine à gaz ». Concrètement, cinq agents de la Nouvelle-Calédonie seront mobilisés, sous la direction d’une commission du Congrès, pour mener ces évaluations.
L’absence du gouvernement fait exploser les élus
Tout bascule lorsque viennent les dossiers sensibles : tarifs de l’électricité, représentation patronale, réformes sociales. Ces textes n’ont même pas pu être étudiés, faute de la présence des membres du gouvernement compétents. L’exaspération des conseillers a alors explosé. Philippe Michel, président du groupe Calédonie Ensemble, a déposé une motion préjudicielle exigeant le report des débats. Cette motion a été adoptée par une large majorité des groupes du boulevard Vauban.
Résultat : une séance tronquée, des élus frustrés et une image désastreuse donnée aux Calédoniens. Et ce n’est pas la première fois que l’absentéisme frappe : déjà le 19 août dernier, lors de la séance des questions au gouvernement, un grand nombre de conseillers de Nouvelle-Calédonie avaient brillé par leur absence, suscitant la colère des présents.
Le signe d’une classe politique déconnectée
Du côté du gouvernement Ponga, on tente de justifier cette absence par un « agenda chargé » planifié de longue date. Une excuse qui ne convainc personne, tant l’urgence économique et sociale exige aujourd’hui une mobilisation totale. L’opinion publique, elle, ne décolère pas : comment accepter que les réformes structurantes sur l’énergie, le patronat ou la relance économique soient ainsi repoussées pour de simples problèmes d’agenda ?
Cette désinvolture politique traduit une dérive préoccupante : une classe dirigeante occupée à gérer son calendrier au lieu d’assumer ses devoirs envers le pays. Dans un contexte où la Nouvelle-Calédonie traverse une crise profonde, l’absence de rigueur et de présence des responsables politiques n’est plus tolérable. Les Calédoniens exigent des actes, pas des absences.