Un pays qui importe moins, exporte peu et voit ses usines tourner au ralenti : la Nouvelle-Calédonie paie encore le prix des émeutes de 2024. Mais un espoir renaît avec un redressement partiel des exportations.
Des échanges toujours au plus bas depuis dix ans
Les chiffres sont implacables. Au deuxième trimestre 2025, les importations s’établissent à 52,8 milliards F.CFP et les exportations à 34,1 milliards F.CFP. Les volumes restent 30 % inférieurs aux moyennes enregistrées entre 2015 et 2023, nettement avant la crise déclenchée par les violences de mai 2024.
Le recul est général : entre janvier et juin, les importations chutent de 23,9 %, les exportations de 28,7 %. Le taux de couverture perd 4 points, tombant à 59,6 %. Pourtant, le déficit commercial se contracte de 15,5 %, grâce à une baisse plus rapide des importations que des exportations.
Cette tendance illustre un paradoxe : l’économie tourne au ralenti, mais la dépendance extérieure s’amenuise mécaniquement, faute de consommation et d’investissements.
Nickel, crevettes, bois : les exportations se réorganisent
Le cœur industriel du territoire reste le nickel, mais le secteur souffre. Au T2 2025, les ventes reculent de 12 %, plombées par le ferronickel en chute de 39 %. La SLN reste fragilisée par l’arrêt prolongé de Thio et Poum, tandis que KNS demeure sans repreneur. À cela s’ajoute un coup dur : la chute brutale du dollar US, devise de référence des exportations calédoniennes, qui réduit les recettes en F.CFP.
Face à ce marasme, deux signaux positifs émergent :
le NHC ( nickel hydroxyde de cobalt) bondit de 15 % en valeur et 34 % en volume, signe du redémarrage de Prony Resources,
le minerai de nickel brut progresse de 25 %, porté par une forte demande asiatique.
À côté du nickel, la diversification joue son rôle. Les crevettes atteignent leur meilleur niveau depuis 2019, avec +33 % en un an, compensant en partie l’effondrement du thon (-34 %). Les produits de la terre progressent aussi, notamment les copeaux de bois de santal, tandis que la catégorie « autres produits » explose (+77 %) grâce à la revente de matériel de transport.
Importations : consommation réduite, industries ralenties
Côté importations, la tendance reste alarmante. Le T2 2025 enregistre une légère reprise (+3 % par rapport au trimestre précédent), mais les montants demeurent inférieurs de 7 % à ceux de 2024, année déjà marquée par l’effondrement lié aux émeutes.
Les principaux postes reculent :
machines et matériel de transport : -17 %,
produits manufacturés : -18 %,
produits alimentaires : -7 %, en particulier céréales et produits laitiers.
Seuls quelques segments progressent : les alcools et tabacs (+33 %), conséquence d’une production locale fragilisée après un incendie industriel, et les engrais (+85 %), preuve d’un secteur agricole en besoin d’intrants. Les achats de carburants, eux, reculent encore, sauf l’essence domestique qui explose (+51 % en volume).
Le commerce extérieur du territoire confirme une réalité : la Nouvelle-Calédonie vit encore les séquelles de l’anarchie de mai 2024. Mais, dans ce marasme, le redémarrage du NHC et la performance des crevettes rappellent que le tissu productif local est le seul levier d’avenir.
Pour peser à nouveau dans l’échange mondial, le territoire devra miser sur ses atouts productifs, assainir ses filières industrielles et réduire sa dépendance à l’assistanat et aux importations massives. La reprise des exportations, même timide, prouve que le redressement est possible si la stabilité politique et sociale est garantie.