Un rapport inédit dévoile l’état réel des établissements publics calédoniens. Entre réussites incontestables et gaspillages criants, le verdict est sans appel.
Un rapport attendu au Congrès
Le 3 septembre 2025, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a déposé sur le bureau du Congrès son rapport synthétique d’activités 2022 à 2024 des établissements publics. Ce document officiel, estampillé n°67/GNC, offre un panorama complet des structures financées par l’argent des contribuables. Jamais autant d’informations n’avaient été rendues publiques sur leur gestion, leurs missions et leurs résultats.
Derrière les chiffres, ce sont des choix politiques qui apparaissent : investir dans la modernisation du pays ou entretenir des structures déficitaires. À l’heure où chaque franc CFP compte, ce rapport devient un outil de vérité.
Des réussites notables dans certains secteurs
L’OPT-NC sort renforcé de cette évaluation. Déploiement massif de la fibre optique, extension de la 4G+, projet bancaire MANA pour moderniser les services financiers : l’office démontre que l’action publique peut rimer avec efficacité. Présent dans 33 communes, il reste un acteur essentiel du lien social et économique.
L’Agence Calédonienne de l’Énergie (ACE) incarne l’effort de transition énergétique. Malgré des recettes amputées et des locaux saccagés lors de la crise de mai 2024, elle poursuit ses programmes : primes pour véhicules électriques, schémas directeurs pour la mobilité, développement de l’hydrogène et des navettes maritimes. L’ACE assume sa mission malgré un contexte chaotique.
Le GIEP-NC et l’IFAP constituent deux piliers pour la formation professionnelle. En pleine période de reconstruction, ils offrent aux jeunes Calédoniens une vraie perspective d’emploi et de développement de compétences. Ces établissements prouvent que l’argent public peut être un levier de développement quand il est bien utilisé.
Des fragilités préoccupantes
À l’opposé, certains établissements montrent une dépendance inquiétante aux subventions. L’ADCK – Centre Culturel Tjibaou a vu sa fréquentation chuter de moitié en 2024. Son fonds de roulement s’est effondré, avec un déficit dépassant les 130 millions F CFP. Le Centre, vitrine culturelle du pays, survit mais sa gestion interroge : peut-on éternellement financer sans résultats ?
La bibliothèque Bernheim, autre institution emblématique, a souffert de la crise. Si ses projets de rénovation sont soutenus par l’État, l’établissement illustre la fragilité d’un modèle trop dépendant des aides extérieures.
Quant à l’Agence pour la desserte aérienne (ADANC), elle assure toujours la continuité territoriale, notamment pour les Loyauté et l’île des Pins. Mais la crise de 2024 a mis sa trésorerie sous tension. Le maintien des lignes déficitaires repose sur des compensations massives, au risque d’alourdir encore les finances publiques.
L’exigence d’une gestion exemplaire
Ce rapport a un mérite : il met chaque établissement devant ses responsabilités. Les réussites prouvent que la discipline budgétaire et l’innovation paient. Mais il dénonce aussi la dérive de certains organismes transformés en machines à subventions.
Les Calédoniens n’acceptent plus de financer à perte. Chaque franc CFP doit être contrôlé, chaque mission évaluée, chaque résultat rendu public. C’est une question de justice, mais aussi de respect des contribuables.
Le Congrès devra désormais trancher : préserver les structures utiles et performantes, ou fermer le robinet de celles qui accumulent déficits et échecs. Car derrière chaque établissement public se cache une question simple : sert-il réellement le pays, ou se sert-il de lui ?
Le rapport d’activités des établissements publics néo-calédoniens est plus qu’un document administratif : c’est un miroir. Il reflète la vitalité de certains établissements publics, mais aussi la lourdeur et les dérives d’autres. Pour la Nouvelle-Calédonie, l’heure est venue de choisir entre deux voies : celle de la modernisation et de la rigueur, ou celle du laxisme et du déclin. Les citoyens, eux, ont déjà choisi : ils veulent des résultats, pas des excuses.