Daté du 10 septembre 2025 et signé par M. Dominique Fochi, le communiqué du FLNKS cible frontalement Sébastien Lecornu, qualifié de « ministre des colonies ». Le texte dénonce l’« instabilité politique » en France, rejette l’accord de Bougival et exige la convocation des provinciales « au plus tard le 30 novembre 2025 ». Rappel utile : le camp indépendantiste est divisé et le FLNKS a signé Bougival avant de revenir sur sa signature, ouvrant une fracture qui pèse désormais sur la crédibilité de sa ligne.
Un texte au vitriol, mais des faits têtus
Le communiqué reprend les griefs habituels contre Paris et vise personnellement Sébastien Lecornu, présenté comme l’homme d’un État « partial ». Il évoque son rôle passé dans le dossier calédonien, sa présence lors du troisième référendum « en pleine crise COVID » et lui impute un climat de « chaos ». Les mots sont durs ; ils relèvent surtout d’une bataille de récits. Face à ce registre, un point demeure : les élections se tiennent à date, c’est la règle dans toute démocratie. Exiger aujourd’hui des provinciales « au plus tard le 30 novembre 2025 » revient, de facto, à endosser ce principe de calendrier que le même FLNKS contestait hier.
Bougival : signé en juillet, renié en août, divisions affichées
Le cœur du problème est là. Bougival a été paraphé, puis désavoué par le FLNKS. Ce rétropédalage a révélé au grand jour les divergences entre composantes indépendantistes. Le communiqué du 10 septembre balaie cet épisode en assurant que l’accord « ne recueille pas le consensus nécessaire ». Or, le front avait d’abord validé le texte avant de changer de pied. Ce zigzag a laissé des traces : il nourrit la défiance d’une partie de l’opinion et complique toute reprise de dialogue. Fait têtu : on ne peut pas exiger un cap clair tout en revendiquant le droit de le défaire après signature.
Lecornu, l’expérience plutôt que le procès politique
Qualifier Sébastien Lecornu de « ministre des colonies » relève du slogan, pas du fait. L’intéressé a été ministre des Outre-mer puis ministre des Armées : deux fonctions où il a suivi de près le dossier calédonien et ses contraintes institutionnelles, juridiques et sécuritaires. On peut discuter ses choix ; on ne peut nier qu’il connaît les dossiers et les acteurs. Défendre Lecornu, c’est rappeler une évidence : la continuité de l’État exige un calendrier, une méthode et un interlocuteur identifié. À ce titre, sa ligne, assurer des scrutins à l’heure, cadrer la discussion, rechercher un atterrissage institutionnel n’a rien d’illégitime. Le procès d’intention n’y change rien : tenir le cap et rendre les décisions lisibles est précisément ce qu’exige la période.
Le communiqué charge Lecornu, mais il ne masque pas la vraie faille : le camp indépendantiste est divisé et le FLNKS a désavoué ce qu’il avait signé. Dans ce contexte, défendre Sébastien Lecornu, c’est défendre une méthode : calendrier, stabilité, clarté. La politique n’est pas une succession de slogans ; elle se juge aux actes. Rendez-vous est pris : provinciales avant le 30 novembre 2025. Là se jouera la crédibilité de chacun.















