Deux jours après la chute de François Bayrou à l’Assemblée et au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, la France a connu une journée de mobilisation tendue. Le mouvement « Bloquons tout » a rassemblé plus de 175 000 personnes ce mercredi 10 septembre. Entre blocages, violences urbaines et affrontements avec les forces de l’ordre, le climat social s’est brutalement crispé.
Un mouvement massif dans tout le pays
Dès l’aube, les autorités attendaient 100 000 participants. Elles en ont finalement compté 175 000 répartis dans 550 rassemblements et 812 actions. Les grèves ont perturbé le trafic ferroviaire et aérien, tandis que les blocages se sont multipliés sur les rocades et dépôts stratégiques.
À Paris, les tensions sont apparues rapidement, avec des affrontements autour du lycée Hélène-Boucher et de multiples blocages aux portes de la capitale. À Nantes, Rennes ou Lyon, des groupes ont incendié des véhicules et tenté d’envahir gares ou ponts. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a promis une « tolérance zéro » face aux débordements.
Violences urbaines à Paris, Lyon, Marseille et Rennes
La journée a été marquée par des scènes de chaos.
À Rennes, un bus a été incendié et a explosé sous un pont, fragilisant la structure.
À Paris, un immeuble proche des Halles a pris feu, nécessitant l’évacuation d’urgence des habitants.
À Marseille, les forces de l’ordre ont repoussé une tentative d’intrusion de 700 personnes dans la gare Saint-Charles.
À Lyon, des cortèges sauvages ont attaqué les policiers de la BAC à coups de pavés, tandis que le centre-ville était envahi par des groupes hostiles.
Les autorités dénoncent une récupération par « l’ultragauche ultraviolente », accusée de transformer la contestation en affrontements ouverts avec l’État.
Bilan lourd : près de 500 interpellations
Le dernier bilan du ministère de l’Intérieur fait état de 473 interpellations, dont 203 à Paris. 339 personnes ont été placées en garde à vue, un chiffre qui illustre l’ampleur des tensions. Quatre membres des forces de l’ordre ont été blessés, tandis que plusieurs bâtiments publics et privés ont subi des dégradations.
Retailleau a fustigé la présence de certains élus de gauche dans les cortèges, accusés de propager des mots d’ordre insurrectionnels. Une ligne rouge franchie, selon lui, au moment où le gouvernement cherche à imposer son plan budgétaire.
Le 10 septembre restera comme une journée d’embrasement social, dans un contexte politique déjà explosif. Alors que Lecornu vient à peine de s’installer à Matignon, la rue rappelle brutalement qu’elle n’entend pas se taire. La bataille du budget s’annonce désormais comme un test majeur pour la stabilité du pays.