Un gamin frêle devenu légende des mers. Un héros qui fit plier la France révolutionnaire et Napoléon.
Le jeune mousse devenu stratège redouté
Né le 29 septembre 1758 dans une famille modeste, Horatio Nelson n’était pas destiné aux mers. Fragile, souffrant du mal de mer, il s’engage pourtant à 13 ans comme mousse. À force de courage, il gravit les échelons et, à seulement 20 ans, devient capitaine de la frégate Hinchinbrooke. Déjà, son audace le distingue. En 1794, il perd un œil au siège de Calvi en combattant les troupes révolutionnaires françaises. Trois ans plus tard, lors de la bataille du cap Saint-Vincent, il désobéit aux ordres, aborde de sa propre initiative les navires espagnols alliés à la France et en capture deux. Cet exploit fait de lui un marin hors norme.
Malgré l’échec sanglant de Santa Cruz de Tenerife en 1797, où il perd son bras droit, Nelson se relève. Promu contre-amiral, il devient un héros national. Ses mutilations, loin de l’affaiblir, nourrissent sa légende. Bientôt, l’Angleterre voit en lui l’incarnation de la volonté d’acier et du patriotisme britannique.
Aboukir et Copenhague : des victoires qui changent l’Europe
En août 1798, à Aboukir, Nelson écrase la flotte française du Levant et brise le rêve oriental de Bonaparte. La France perd sa maîtrise de la Méditerranée, et l’expédition d’Égypte se transforme en impasse stratégique. Nelson y gagne un titre : « le sauveur de l’Europe ».
Sa carrière connaît un nouvel éclat à Copenhague en 1801. Alors que la capitale danoise croit son port imprenable, Nelson, de nuit, balise le chenal avec ses marins et conduit sa flotte sous les canons ennemis. À l’aube, Copenhague est bombardée et contrainte de se rendre. Cette audace, digne d’un chef de guerre médiéval, prouve une nouvelle fois que la Royal Navy est la clé de l’équilibre européen.
Napoléon, de son côté, nourrit alors son projet d’invasion de l’Angleterre. Mais ses rêves se briseront sur la discipline et la ténacité de Nelson, malgré quelques revers devant Boulogne en 1801.
Trafalgar : le triomphe ultime et la mort du héros
En 1805, Nelson revient sur le devant de la scène pour affronter la coalition navale franco-espagnole. À Trafalgar, il impose un blocus long et harassant qui prépare la confrontation finale. Le 21 octobre, il mène l’attaque avec un sens tactique fulgurant. Vingt navires ennemis sont capturés, sans qu’aucun navire britannique ne soit perdu. L’invasion de l’Angleterre est définitivement enterrée.
Mais le prix est lourd : reconnaissable à ses décorations, Nelson est mortellement touché sur le pont du Victory par un tir venu du Redoutable. Avant d’expirer, il apprend que la victoire est totale. Sa dépouille, ramenée à Londres dans un tonneau de rhum, reçoit des funérailles nationales à la cathédrale Saint-Paul. L’Angleterre fait de lui son héros absolu, honoré sur la colonne de Trafalgar Square.
Horatio Nelson n’était pas seulement un marin : il fut l’incarnation de l’audace britannique face à la France révolutionnaire et impériale. Ses victoires d’Aboukir, de Copenhague et surtout de Trafalgar ont anéanti pour des décennies la puissance navale française. Derrière l’homme blessé et marqué dans sa chair, l’Europe a vu un chef capable d’écrire l’histoire avec du fer et du sang. Pour l’Angleterre, il demeure un symbole intemporel de courage, de fidélité et de grandeur nationale.