BUZZ. La stratégie d’influence de Sarah Knafo sur les réseaux sociaux porte ses fruits : l’eurodéputée Reconquête attire au-delà de sa base militante et engrange les followers.

Qu’ont en commun les députés Antoine Léaument, Ersilia Soudais, Thomas Portes, l’eurodéputée Aurore Lalucq et les ministres Juliette Méadel et Laurent Marcangeli ? Tous ont récemment croisé le fer sur X avec la députée européenne Reconquête. Suivant toujours le même mode opératoire : une attaque ciblée contre Sarah Knafo, qui riposte dans l’heure avec une réponse structurée, chiffrée, parfois relevée d’une pointe d’ironie. Ces passes d’armes numériques, connues sous le nom de « clashs », portent la plupart du temps sur des enjeux budgétaires dont Sarah Knafo a fait son domaine d’expertise favori. Il est ainsi question d’aides publiques face à Antoine Léaument, de politique de la ville face à Thomas Portes et Juliette Méadel, ou encore de primes aux fonctionnaires en Seine-Saint-Denis face à Laurent Marcangeli.
Lorsqu’Antoine Léaument l’interpelle sur X, son premier réflexe est de se fendre d’une réponse brève et incisive, mais elle opte finalement pour un texte plus long, construit, afin de convaincre les followers sur le fond. « Le sujet méritait mieux qu’une formule de clash », explique-t-elle. Sa méthode, singulière et percutante, s’appuie sur une stratégie bien rodée. Elle rédige elle-même ses longs développements et démonstrations mathématiques, et deux community managers l’épaulent dans la gestion quotidienne de ses réseaux. Sarah Knafo résume ainsi sa ligne : « Tenir l’équilibre entre la technicité des sujets et le côté grand public. » Elle met en avant quelques chiffres clés, replacés dans des comparaisons parlantes.
La rigueur prime, mais cela n’exclut pas l’ironie, qu’elle assume
Concernant le rapport de la Cour des comptes sur France Télévisions par exemple, elle part du principe que « les Français ont un métier, une vie bien remplie et pas forcément le temps de lire 200 pages ». Pour populariser le rapport, sa méthode consiste alors à isoler certains marqueurs, comme les 10 000 euros de frais de taxi dépensés par jour. Si elle assure que la rigueur prime, cela n’exclut pas l’ironie, qu’elle assume comme étant un trait de son caractère. Ainsi, face à Ersilia Soudais : « Et vous, Madame, sur quel point précis voudriez-vous que je vous éclaire ? » Même ton lorsqu’elle est visée par une plainte de l’Algérie – classée sans suite. « Avec tout l’argent qu’on leur donne, ils auraient pu se payer un juriste », réplique-t-elle, déclenchant une vague de réactions.
À rebours d’une communication politique institutionnelle et policée, Sarah Knafo privilégie un style direct, « franc », avec des montages « dynamiques et incarnés », note Louis, communicant politique. « Elle est aussi ultra-productive : jusqu’à cinq publications par jour, ce qui stimule l’algorithme », souligne-t-il. Petite touche supplémentaire : sa capacité à hameçonner des internautes qui ne partagent pas ses idées. Entre le 25 août et le 25 septembre, 75 % des spectateurs de ses « reels » Instagram n’étaient pas abonnés à son compte. La stratégie du « hook », qui vise à capter l’attention dans les trois premières secondes, explique en partie ce succès, tout comme la diversité des thèmes abordés : de l’aide au développement à France Travail en passant par la taxe Zucman.
Télécharger l’application Le Journal du Dimanche pour iPhone, iPad ou Android