Une mission militaire et scientifique qui illustre la souveraineté française dans le Pacifique. Une coopération exemplaire entre marins, hydrographes et forces armées au service de la sécurité maritime.
La France renforce sa présence en mer de Corail
Du 15 au 22 septembre 2025, le Patrouilleur Outre-Mer Auguste Bénébig a conduit une mission hydrographique d’importance dans le lagon sud de la Nouvelle-Calédonie, entre les passes de Mato et du Uatio. Objectif : mieux connaître les fonds marins et améliorer la sécurité nautique dans une zone stratégique.
À bord, cinq hydrographes du Groupe Océanographique du Pacifique (GOP) ont travaillé main dans la main avec l’équipage du bâtiment de la Marine nationale. Cette coopération a permis de réaliser des relevés précis, indispensables à la navigation civile comme militaire. Derrière ces cartes et mesures se dessine une réalité essentielle : la France protège son espace maritime et veille sur ses routes de communication dans le Pacifique.
Mais la mission n’avait rien d’un simple exercice théorique. Les marins ont également accueilli un détachement de six militaires du RIMAP-NC. Pour ces jeunes soldats, il s’agissait d’une immersion totale dans la vie à bord. Découverte des routines du POM, participation aux exercices de lutte contre les incendies, raid nautique, débarquement tactique à terre et instruction au combat rapproché : autant d’expériences qui forgent la cohésion et l’efficacité opérationnelle.
Cette synergie entre la Marine et l’Armée de Terre démontre la volonté française de consolider sa capacité d’action interarmées, condition essentielle pour affirmer sa souveraineté dans une zone où les ambitions étrangères sont bien réelles.
Les récifs de l’Astrolabe : un enjeu stratégique
En parallèle, la Base hydrographique de Nouvelle-Calédonie (BHNC) a mené en juillet dernier une mission dans le Nord-Est, au cœur des récifs de l’Astrolabe. Ces zones, encore mal cartographiées, revêtent pourtant un intérêt stratégique majeur.
Ces récifs, situés dans une région isolée, sont au croisement des missions de l’État en mer : police des pêches, lutte contre la pollution, secours aux navires. Leur importance dépasse le seul cadre de l’hydrographie. Ils incarnent la frontière avancée de la présence française dans le Pacifique.
C’est pourquoi les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) et le Parc naturel de la mer de Corail plaident pour la mise en place de voies sécurisées et de zones de mouillage adaptées. Mieux cartographier, c’est mieux contrôler. Et mieux contrôler, c’est affirmer la maîtrise française de cet espace maritime immense.
Cette démarche est aussi une réponse aux menaces croissantes : pêches illégales, trafics maritimes, ingérences étrangères. Dans un monde où la mer est redevenue un théâtre de puissance, chaque récif, chaque passe, chaque route compte.
L’Amborella, symbole d’une coopération civile et militaire
Pour cette mission, les hydrographes du GOP ont embarqué à bord de l’Amborella, navire scientifique de 24 mètres appartenant au Parc naturel de la mer de Corail. Déployé depuis 2011, ce bâtiment multi-missions illustre la complémentarité entre acteurs civils et militaires au service de la mer.
Dépourvu de sondeur multifaisceaux, l’Amborella a innové. Les relevés bathymétriques ont été réalisés depuis un semi-rigide équipé par la BHNC d’un système Norbit. À l’avant, un poste d’acquisition hydrographique et une tablette permettaient de transmettre en temps réel les profils à suivre. Une véritable prouesse technique, révélatrice du savoir-faire français dans un environnement complexe.
La mission a également impliqué le déploiement de marégraphes et des observations sous-marines menées par des plongeurs du GOP. Les constats sont contrastés : une majorité de coraux morts, héritage des bouleversements climatiques, mais aussi des poches de vie remarquables, avec notamment des gorgones géantes centenaires. Autant de données précieuses qui nourriront la réflexion scientifique, mais surtout les choix stratégiques d’aménagement et de protection.
L’essentiel est que, grâce à ces opérations, la France démontre sa maîtrise technique, sa rigueur scientifique et sa puissance maritime. Dans un contexte régional marqué par la compétition stratégique, ces missions ne sont pas anodines. Elles sont un message clair : la France est là, elle connaît ses mers, elle contrôle son territoire.
Crédit photo : Forces Armées en Nouvelle-Calédonie et le Groupe océanographique du Pacifique