Après un an de paralysie et des infrastructures à l’abandon, le transport calédonien retrouve enfin un souffle vital.
L’État ouvre le robinet des financements pour que le réseau Néobus reparte en 2026.
L’État paie l’addition pour sauver le transport urbain
La décision est tombée : 579 millions de francs CFP vont être injectés dans la reconstruction du réseau Néobus. Jacques Billant, haut-commissaire de la République, a confirmé que l’argent proviendra de l’enveloppe d’urgence dédiée à la remise en état des bâtiments publics et scolaires. Une preuve supplémentaire que la France assume son rôle protecteur et reconstructeur face aux destructions de 2024.
Ces fonds financeront la réfection des chaussées, la signalétique, les abribus, les bancs, les caméras de vidéoprotection et l’ensemble des systèmes d’information du réseau Tanéo. « Nous sommes toujours très engagés », a martelé Jacques Billant, rappelant que 130 millions d’euros (15,6 milliards de francs CFP) de dégâts ont déjà été recensés et pris en charge par l’État. Le message est clair : Paris ne laissera pas Nouméa et son agglomération à l’abandon.
Le SMTU, présidé par Naïa Watéou, se réjouit de cette aide. L’argent sera mobilisé intelligemment, via des appels à projets et des études techniques. Objectif : relancer une ligne structurante entre Nouméa et Dumbéa, indispensable à la vie quotidienne de milliers d’habitants.
Une « bouffée d’oxygène » pour l’économie et les usagers
Cette subvention exceptionnelle est aussi une planche de salut pour les entreprises locales, qui vont retrouver des chantiers et de l’activité économique.
Cela apportera une bouffée d’oxygène aux entreprises pour finir l’année et commencer 2026 sous de meilleurs auspices, a souligné Naïa Watéou.
La reconstruction, c’est aussi de l’emploi, des contrats et une relance de l’économie calédonienne après la crise.
Mais la réalité reste rude : le réseau Tanéo, réduit à huit lignes contre trente auparavant, ne transporte plus que 5 000 à 8 000 passagers par jour, loin des 85 000 usagers quotidiens d’avant le 13 mai 2024. Le prix du ticket fixé à 500 francs reste élevé pour une population frappée par la crise. Pourtant, comme le rappelle la présidente du SMTU,
notre réseau est encore en phase de réanimation.
Avant les émeutes, le coût d’exploitation atteignait 4 milliards de francs, contre 922 millions CFP aujourd’hui. La baisse des recettes fiscales et la réduction des subventions des collectivités locales pèsent lourdement. La reconstruction du Néobus est donc bien plus qu’un symbole : c’est la condition pour que les transports publics retrouvent leur place centrale dans la vie des Calédoniens.
Vers une reprise progressive et un retour à la normale
Les travaux s’étaleront sur plusieurs tranches, avec une remise en état de la voirie dans la Vallée-du-Tir, la réinstallation des feux de circulation détruits et la sécurisation des voies. Les bus reprendront progressivement certains tronçons, avec pour horizon une réouverture complète en 2026.
Le haut-commissaire a été clair : la remise en service du Néobus est prioritaire, car elle est la condition de la fluidité des déplacements dans l’agglomération. Païta, Dumbéa et Nouméa doivent être reconnectées. L’État prend 80 % de la facture, le reste étant financé par la province Sud et les communes du Grand Nouméa.
Cette décision montre que, face à la crise, la République tient ses engagements et investit dans l’avenir. Après des mois d’incertitude, le retour du Néobus marque un tournant : celui d’une reconstruction concrète, financée, organisée.
La ligne 1, reliant la gare routière de la Moselle au Médipôle, redeviendra la colonne vertébrale du réseau. Elle est indispensable aux dizaines de milliers de Calédoniens qui travaillent, étudient ou se soignent dans la capitale. Les ajustements de lignes et d’horaires déjà annoncés visent à répondre à la demande, dans un contexte où la population réclame de la sécurité, de la régularité et un transport fiable.
Au-delà du transport, c’est un signal politique : la France ne recule pas face aux casseurs. Elle reconstruit, elle finance, elle impose le retour de l’ordre et de la vie normale. Le Néobus, honni par certains, devient aujourd’hui le symbole d’une Nouvelle-Calédonie qui se relève grâce à l’État.
Pour les habitants de l’agglomération, cette reconstruction est une promesse : celle de retrouver des bus fiables, une circulation plus fluide et des infrastructures dignes. Pour les entreprises locales, c’est du travail et une relance bienvenue. Pour l’ensemble du territoire, c’est la démonstration que la République française ne laisse pas tomber ses territoires ultramarins.
Le Néobus n’est pas seulement un chantier technique. C’est un acte de souveraineté, de reconstruction et de confiance dans l’avenir.