Israël a tremblé. Le 6 octobre 1973, jour sacré du Yom Kippour, l’armée égyptienne et l’armée syrienne lancent une offensive coordonnée contre l’État hébreu. Une attaque surprise qui bouleversa l’équilibre régional et provoqua un séisme mondial.
Une guerre fulgurante, des combats acharnés, un choc pétrolier : retour sur la guerre du Kippour, 52 ans après.
Israël frappé par surprise : l’offensive arabe du 6 octobre 1973
À 14 heures, alors que tout Israël observe le jour le plus solennel de son calendrier religieux, les Égyptiens franchissent le canal de Suez tandis que la Syrie déferle sur le plateau du Golan avec près de 1 000 chars. Depuis la guerre des Six Jours en 1967, Israël occupe ces territoires stratégiques. Anouar el-Sadate, successeur de Nasser, veut laver l’affront arabe et redonner de la légitimité à son pouvoir.
En quelques jours, les armées arabes percent les lignes israéliennes : le mont Hermon et Qunaytra tombent en Syrie, tandis que les Égyptiens avancent dans le Sinaï. Pour Israël, l’effet de surprise est total. Golda Meir et Moshé Dayan, convaincus de la supériorité de Tsahal, n’avaient pas jugé nécessaire d’ordonner une mobilisation préventive. Le pays vécut alors ce que beaucoup décrirent comme la plus grande peur de son Histoire.
La riposte israélienne : de la survie à la contre-offensive
Mais Israël n’est pas un État qui abdique. En quelques jours, la machine militaire se redresse : 275 000 soldats sont mobilisés. Sur le front nord, Tsahal arrête la progression syrienne, reprend le mont Hermon et contre-attaque jusqu’aux abords de Damas. L’aviation israélienne détruit au sol et en vol la majeure partie de l’aviation arabe.
Au sud, le général Ariel Sharon prend l’initiative audacieuse de franchir à son tour le canal de Suez, encerclant la troisième armée égyptienne. Les forces arabes, mal coordonnées et mal commandées, s’enlisent. La supériorité tactique et technologique israélienne reprend le dessus. Le prix, cependant, est lourd : environ 3 000 morts pour Israël, des pertes considérables au regard de la taille de sa population.
Une guerre aux conséquences mondiales : le premier choc pétrolier
Le conflit ne se limite pas au champ de bataille. Dès la mi-octobre, l’OPEP, dominée par les monarchies arabes, impose un embargo sur le pétrole destiné aux alliés d’Israël, notamment les États-Unis et les Pays-Bas. Le prix du baril s’envole. Le monde occidental prend conscience alors de sa dépendance énergétique au Moyen-Orient. La croissance ralentit, l’inflation flambe : c’est le premier choc pétrolier.
Le 22 octobre, l’ONU impose un cessez-le-feu (résolution 338). Israël et l’Égypte signent finalement un accord au « kilomètre 101 » le 11 novembre. Cinq ans plus tard, en 1978, les accords de Camp David scellent la paix entre Le Caire et Jérusalem : un tournant historique qui isole durablement la Syrie.
La guerre du Kippour a montré que la survie d’Israël repose sur sa vigilance et à sa force militaire. Pris par surprise, l’État juif a prouvé une nouvelle fois sa capacité de résilience et d’unité face à l’adversité. Ce conflit a aussi révélé l’arme redoutable du pétrole comme levier géopolitique. Cinquante-deux ans après, cette guerre demeure une leçon : au Proche-Orient, la faiblesse se paie au prix fort, et seul le rapport de force garantit l’existence des nations.