Ils étaient attendus depuis des semaines. Après un long suspense, les visages du nouveau gouvernement Lecornu ont enfin été dévoilés. Une équipe de rassemblement assumée à droite, où le pragmatisme prend le pas sur la compromission.
Emmanuel Moulin sonne l’ère du renouveau
Une première depuis 2017 : Emmanuel Macron a choisi de changer les codes. Ce dimanche 5 octobre 2025, c’est Emmanuel Moulin, nouveau secrétaire général de l’Élysée nommé en avril 2025, qui a annoncé la composition du gouvernement.
Après des semaines de tractations, de négociations serrées et de calculs politiques, le Premier ministre a livré une première salve de ministres. L’objectif : bâtir une équipe solide avant la déclaration de politique générale prévue mardi à 15 h. Sébastien Lecornu, fin stratège, a cherché à obtenir un équilibre des forces à l’Assemblée nationale, misant sur une majorité relative et un pacte de non-censure avec certains groupes.
Les premières nominations confirment un ancrage à droite assumé, loin des compromis mous du macronisme originel : un gouvernement de « responsabilité » et de « continuité », selon les mots de l’entourage présidentiel.
Les poids lourds de droite reprennent les rênes
Dans ce nouveau gouvernement, plusieurs figures familières conservent la direction des ministères régaliens.
Bruno Retailleau demeure ministre de l’Intérieur, incarnant une ligne d’ordre et d’autorité retrouvée.
Gérald Darmanin, quant à lui, garde la Justice, signe d’une confiance maintenue malgré les turbulences politiques.
Le ministère des Armées revient à Bruno Le Maire, désormais chargé de la Défense et des anciens combattants, figure tutélaire du macronisme économique — un signal fort de réarmement moral et industriel. Roland Lescure prend la tête de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, tandis qu’Amélie de Montchalin garde le Budget, consolidant un pôle économique de rigueur.
Côté diplomatie, Jean-Noël Barrot conserve les Affaires étrangères, preuve d’un cap européen maintenu. La Culture reste entre les mains de Rachida Dati, personnalité combative qui incarne un retour du franc-parler républicain. Et, dans une continuité assumée, Élisabeth Borne retrouve le ministère de l’Éducation nationale, gage de stabilité dans un secteur en tension.
Une équipe politique tournée vers l’action, pas la posture
L’arrivée de Naïma Moutchou à la Transformation de la fonction publique, de Philippe Tabarot aux Transports ou encore de Marina Ferrari aux Sports illustre la volonté de mêler compétence et renouvellement. Agnès Pannier-Runacher conserve l’Écologie, tandis qu’Éric Woerth hérite des Territoires, gage d’un retour du bon sens local.
Annie Genevard reste à l’Agriculture, Catherine Vautrin au Travail et à la Santé, et Manuel Valls, indéboulonnable, demeure à l’Outre-mer, symbole d’un exécutif qui assume la continuité républicaine. Mathieu Lefèvre prend en main les Relations avec le Parlement, tandis qu’Aurore Bergé, désormais porte-parole du gouvernement, incarne la voix officielle d’un exécutif recentré sur la clarté et la fermeté.
D’autres secrétaires d’État viendront compléter ce dispositif dans les jours à venir. Mais déjà, le ton est donné : un gouvernement de droite, de responsabilité, attaché à l’ordre, à la souveraineté et à la stabilité nationale.
Ce sera le moment de vérité pour Sébastien Lecornu, qui devra convaincre une Assemblée fragmentée. Le Parti socialiste comme le Rassemblement national détiennent les clés de sa survie politique.
Mais Lecornu peut déjà se targuer d’un record : jamais un Premier ministre sous la Ve République n’a mis autant de temps à composer son gouvernement. Derrière ce délai, une stratégie : construire une majorité de conviction, non de convenance.
Le temps des équilibres instables semble révolu. Lecornu a posé les bases d’un gouvernement d’action, où l’ordre et la souveraineté redeviennent des mots-clés. Une France debout, lucide et déterminée : voilà le message envoyé ce soir depuis le perron de l’Élysée.
Retrouvez ci-dessous la liste des nouveaux ministres :
Elisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Education nationale
Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer
Gérald Darmanin, ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice
Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’Intérieur
Bruno Le Maire, ministre d’État, ministre des Armées et des anciens combattants
Catherine Vautrin, ministre du Travail-Santé-Solidarité
Rachida Dati, ministre de la Culture
Roland Lescure, ministre de l’Economie
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères
Eric Woerth, ministre de l’Aménagement du territoire
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture
Amélie de Montchalin, ministre du Budget
Naïma Moutchu, ministre de la Fonction publique
Philippe Tabarot, ministre des Transports
Marina Ferrari, ministre des Sports et de la Jeunesse
Ministres délégués
Aurore Bergé, chargée de l’Egalite Femmes-hommes, porte-parole
Mathieu Lefèvre, chargé des Relations avec le Parlement