Les élus du boulevard Vauban s’apprêtent à vivre une semaine politique dense. Deux rendez-vous cruciaux vont rythmer les travaux du Congrès, entre gestion des transports sensibles et enjeux budgétaires brûlants.
Le mardi des techniciens : sécurité et réglementation au cœur du débat
Le 7 octobre à 9 h, la commission permanente ouvrira le bal dans l’hémicycle du boulevard Vauban. Deux textes techniques mais essentiels figurent en tête de l’ordre du jour. Le premier concerne le transport routier des marchandises dangereuses, sujet sensible sur un territoire insulaire où la logistique conditionne l’économie tout entière. Le second texte vise à modifier l’article R. 119 du code de la route calédonien, une mise à jour réglementaire attendue pour renforcer la sécurité sur les routes.
Ces deux projets de délibération traduisent la volonté du gouvernement local de mettre à niveau le cadre juridique calédonien avec les standards français. Derrière leur apparente technicité, ils répondent à une logique claire : sécuriser les flux économiques et moderniser la gouvernance. Dans un contexte d’incertitude budgétaire, la continuité réglementaire reste un ancrage républicain.
Le mercredi diplomatique : la Calédonie face au Pacifique
Le 8 octobre, la commission des relations extérieures se réunira pour dresser le bilan du 54e Forum des Îles du Pacifique, tenu à Honiara en septembre dernier. L’occasion, pour le gouvernement, de présenter sa feuille de route diplomatique.
Au menu : retour sur la place de la Nouvelle-Calédonie au sein du concert régional, et sur la manière dont elle entend peser davantage dans les instances océaniques, tout en consolidant le lien avec l’État français.
Le Forum d’Honiara a rappelé combien la stabilité calédonienne reste un enjeu stratégique dans la région, entre influences chinoises croissantes et attentes fortes des partenaires insulaires. Affirmer la présence française dans le Pacifique, c’est aussi défendre une vision : celle d’une collectivité autonome, mais fidèle à la République.
Le jeudi décisif : finances sous tension et colère éducative
Le 9 octobre, la séance publique en session extraordinaire s’annonce particulièrement chargée. Les élus devront examiner deux textes à fort enjeu économique :
– une habilitation du président du gouvernement pour signer le second prêt garanti par l’État, conclu avec l’Agence française de développement après la crise de mai 2024 ;
– une convention de subvention d’État pour la réhabilitation des entrepôts frigorifiques de Bourail, maillon clé de la sécurité alimentaire calédonienne.
Mais c’est hors des bancs du Congrès que la tension pourrait monter d’un cran. Le monde de l’enseignement catholique a annoncé un mouvement de protestation pacifique pour alerter sur la situation financière dramatique de la DDEC, au bord de la rupture. Enseignants, parents et personnels veulent interpeller les élus sur l’urgence d’un soutien concret, refusant de voir s’effondrer un pilier historique de l’éducation calédonienne.
Entre rationalisation budgétaire, diplomatie régionale et justice sociale, la semaine s’annonce comme un test politique pour la majorité du Congrès. Chaque délibération portera en filigrane une même question : la Nouvelle-Calédonie a-t-elle encore les moyens de sa cohérence institutionnelle ?
Préserver le cadre, maintenir la rigueur et refuser le laxisme budgétaire : voilà les maîtres mots d’une gouvernance exigeante, à la hauteur des défis calédoniens.