Dans Coups de gueule sur Océane FM, la tension est palpable : accusations croisées de racisme, incompréhensions, mots qui blessent. Mais au milieu des éclats, des voix calmes rappellent l’essentiel :
vivre ensemble sur le même caillou
n’est pas un slogan, c’est une condition de survie collective. Retour sur ce qui s’est dit et ce que ça dit de nous.
Racisme : les mots qui divisent, les mots qui accusent
Lorsque certains opposent « nous et vous », la riposte tombe :
C’est dangereux de binariser la société… et c’est votre justice aussi
répond un auditeur, dénonçant des propos racistes et « une vision qui n’aboutira jamais à construire le pays ».
À l’inverse, d’autres refusent d’être renvoyés chez eux :
Je suis du caillou, je suis calédonienne
affirme une auditrice, rappelant que « rentre chez toi » n’a pas sa place ici. Une autre formule, tranchante :
On n’oubliera jamais
signe d’une mémoire blessée qui nourrit la défiance. Ces échanges révèlent un climat inflammable, où la colère se nourrit de blessures réelles mais aussi d’amalgames et de mots malheureux.
Métissage et familles mixtes : la preuve par la vie réelle
À contre-courant, des témoignages inter-ethniques ancrent la réalité calédonienne :
Je suis avec une Kanak, mes enfants sont métis
explique un auditeur, preuve vivante que la société se tisse au quotidien. Un autre lance un message d’amour :
On est tous sur le même bateau, arrêtons les guéguerres
Ces paroles ne nient pas les tensions ; elles les dépassent. Elles disent qu’au-delà des colères, la majorité vit ensemble, travaille ensemble, élève des enfants métis qui refusent l’injonction de choisir un camp.
Refaire société : règles communes, respect réciproque
Le fil rouge des appels lucides tient en trois exigences simples :
- Refuser l’étiquetage ethnique et les assignations (« nous/vous », « rentre chez toi »).
- Protéger la parole publique : la contradiction est saine, l’injure est un poison.
- Pratiquer le respect réciproque, du bonjour aux débats politiques : « On vit ensemble », donc on se parle, sans mépris.
Comme le résume un auditeur :
Faites votre propre critique, ne vous laissez pas manipuler
Autrement dit : moins d’invectives, plus de discernement.
Le courage d’être ensemble
La Calédonie ne se sauvera ni par la mise à l’index, ni par le déni. Elle se sauvera par le courage d’être ensemble : parole responsable, respect, mains tendues. Le vivre-ensemble n’est pas un récit idéaliste ; c’est un choix quotidien, visible dans nos mots, nos gestes, nos silences. À chacun de tenir la barre.