Devant le Comité spécial de la décolonisation de l’ONU (C24), le député Moerani Frébault a offert un moment rare : un discours apaisé, lucide et profondément rassembleur. Une parole polynésienne claire, assumée, qui refuse le dogme victimaire pour mieux rappeler la fierté d’un peuple maître de son destin.
Un plaidoyer pour l’unité
Je vous adresse la voix d’un peuple du Pacifique, là où l’océan embrasse le ciel.
Dès les premiers mots, le ton est donné. Moerani Frébault n’est pas venu opposer, mais réconcilier. Il balaie d’un revers les caricatures entretenues depuis plus d’une décennie au sein du C24 :
Certains discours présentent une Polynésie divisée et victime d’une relation coloniale imposée par la France. Ce n’est pas la réalité que nous vivons au quotidien.
Le parlementaire revendique une communauté pacifique et fraternelle :
Autonomistes et indépendantistes partagent les mêmes familles, les mêmes traditions, les mêmes joies et les mêmes peines.
Et d’ajouter, dans une leçon de démocratie :
Je ne partage pas leurs visions, mais je respecte leurs libertés de pensée.
La paix comme héritage et devoir
Le député ancre son propos dans une sagesse à la fois biblique et politique :
Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine.
Une citation de l’Évangile selon Matthieu pour rappeler que la paix polynésienne n’est pas une faiblesse, mais une force collective.
Notre paix est précieuse, et il est impératif de la préserver.
Sans nier les blessures du passé — la colonisation, les essais nucléaires — il reconnaît leur poids, mais aussi la reconnaissance apportée par la France :
Ces blessures font partie de notre histoire. La France les a reconnues.
Et d’évoquer « la dette » admise par Emmanuel Macron en 2021, aujourd’hui traduite en « coopération étroite et concrète ».
Une autonomie choisie, non subie
Loin des discours nostalgiques d’indépendance, Moerani Frébault défend la voie d’une autonomie forte et évolutive :
L’autonomie que nous vivons n’est pas une prison. Elle n’empêche pas l’autodétermination.
Le message est limpide : la souveraineté du peuple polynésien réside d’abord dans sa liberté de choisir.
Le jour où le peuple polynésien décidera d’un autre destin, il pourra le faire librement, pacifiquement, dignement.
Mais pour l’heure, rappelle-t-il :
La majorité des Polynésiens a choisi de continuer ce chemin avec la France, non par soumission, mais par conviction.
Une leçon de maturité politique
Dans une assemblée souvent figée sur les postures idéologiques, l’intervention de Moerani Frébault a fait figure d’exception. À la place du ressentiment, il a proposé une vision. À la place de la rupture, la continuité. Et derrière chaque mot, une philosophie profondément océanienne :
Nous sommes l’équipage d’une même pirogue, affrontant ensemble les vents contraires, guidés par la même étoile.
Une métaphore puissante, qui résume à elle seule tout un projet politique : celui d’un peuple qui ne renie ni son histoire ni ses racines, mais qui avance, uni, dans la houle du monde.