Le pari du maintien plutôt que du changement. Emmanuel Macron choisit la continuité en rappelant Sébastien Lecornu à Matignon.
Le choix de la stabilité
Au terme d’une journée de tractations intenses à l’Élysée, le président de la République a renommé Sébastien Lecornu Premier ministre, moins d’une semaine après avoir accepté sa démission. Il aurait accepté par devoir, estimant que sa responsabilité était d’assurer la stabilité politique dans une période de fortes tensions. Une décision prise tard dans la soirée du vendredi 10 octobre 2025, censée éviter la dissolution de l’Assemblée nationale.
Selon l’entourage présidentiel,
Il y a un chemin possible pour tisser des compromis et éviter la dissolution.
Ce retour à Matignon s’inscrit dans une logique de continuité gouvernementale, malgré les appels au renouvellement exprimés par plusieurs formations politiques.
Les oppositions vent debout
Cette reconduction a immédiatement fait réagir les partis d’opposition, à commencer par le PS. Boris Vallaud a fustigé une absence totale de réponses sur les réformes attendues, notamment celle des retraites : « Il n’y a aucune garantie de non-censure de notre part. »
Le Parti communiste, par la voix de Fabien Roussel, a dénoncé une occasion manquée : « Nous attendions un vrai changement. »
Même tonalité chez Les Républicains, où Bruno Retailleau regrette que Matignon reste “une annexe de l’Élysée”. Selon lui, le socle commun élaboré autour de Michel Barnier « est mort dimanche », scellant la fin des espoirs de coalition.
Lecornu fixe ses conditions
Dans un message publié sur X, Sébastien Lecornu explique avoir accepté « par devoir » la mission confiée par le chef de l’État : redonner un budget à la France d’ici la fin de l’année et répondre aux urgences du quotidien. Son texte, sobre mais ferme, fixe le cap de son retour à Matignon.
Le Premier ministre veut d’abord remettre fin à la crise politique qui « exaspère les Français » et nuit à l’image du pays. Pour y parvenir, il pose quatre lignes rouges :
– Tous les dossiers abordés lors des consultations seront ouverts au débat parlementaire, sans restriction ;
– Le rétablissement des comptes publics restera une priorité nationale, « personne ne pourra s’y soustraire » ;
– Les futurs ministres devront laisser de côté toute ambition présidentielle pour 2027 ;
– Enfin, la nouvelle équipe devra incarner le renouvellement et la diversité des compétences.
Un message clair : Lecornu ne revient pas pour durer, mais pour remettre de l’ordre et restaurer le fonctionnement de l’État.
Une reconduction sous tension
Le chef de l’État espère désormais que ce retour à Matignon permettra de préserver la stabilité politique d’ici la fin de l’année, alors que le gouvernement doit présenter son budget avant le 31 décembre.
Mais le risque est réel : si les oppositions maintiennent leur ligne dure, une motion de censure pourrait être déposée dès ce lundi. Autrement dit, en cherchant à éviter la crise, Emmanuel Macron prend le risque de la rallumer, en reconduisant un Premier ministre que beaucoup voient déjà affaibli.