Un matin comme les autres, jusqu’à ce que tout bascule
Samedi 11 octobre, à l’aube, Florent, gérant de La Restauration Bouraillaise, démarre sa tournée comme chaque matin. Réveil à 4 h, direction la boulangerie Caramel à 5 h pour récupérer la commande du jour. Le geste est machinal : couper le moteur, poser les clés sur le siège, charger les cageots de pain.
Mais cette fois, la routine tourne au cauchemar.
Alors qu’il charge le second panier, le véhicule redémarre brusquement. Florent réalise qu’un individu s’est glissé au volant. Il tente de l’arrêter, ouvre la portière côté chauffeur — mais la voiture démarre en trombe. Blessé à la main, il n’a que le temps de voir sa voiture filer dans la nuit.
Un véhicule toujours en cavale entre Houaïlou et Kouaoua
Depuis, le véhicule reste introuvable. Le restaurateur et sa famille multiplient les appels à témoins. Des habitants de tribus auraient aperçu la voiture, et certains tentent d’aider à la retrouver. “On est très reconnaissants”, écrivent les gérants, submergés de messages de soutien.
Mais sur les réseaux sociaux, la colère gronde.
On n’en fera plus rien de ce tas de dégénérés issus de plusieurs générations, s’emporte Nico, traduisant le ras-le-bol général.
Y’a trop de brigands chez nous ! Faut plus sortir sans ses clés, ajoute Jm, fataliste.
C’est fini ce temps où pour deux minutes on sortait sans verrouiller. Aujourd’hui la sécurité n’existe plus sur le Caillou,
prévient Jérôme.
“Ils sont à l’affût de tout” : la peur s’installe dans l’intérieur
Dans les commentaires, un autre témoignage glace :
Oui c’est vrai, on est surveillés… C’est une bande organisée. Je ne me sens plus en sécurité, je fais attention à tout, écrit Vanessa, une habitante de la région.
Cette scène résume une réalité devenue banale : les travailleurs honnêtes vivent dans la crainte, pendant que les voyous multiplient les vols, les dégradations et les cambriolages.
C’est honteux. Et après on nous dit de ne pas stigmatiser,
réagit Myna Ce pays devient invivable.
Une population à bout de nerfs
Le ton des internautes est unanime : solidarité, mais aussi colère. “Bon courage à vous, ne lâchez rien, ça leur ferait trop plaisir”, lance Jocelyne. D’autres appellent à des solutions plus radicales.
Que les coutumiers agissent et emploient la rigidité ! Il y a ceux qui bossent avec acharnement… et ceux qui détruisent !,
écrit Maryella.
“Toujours les mêmes”
Pour beaucoup, ce nouveau vol est un symbole.
Toujours les mêmes… et après, faut pas stigmatiser
Nos futurs ingénieurs et médecins, notre belle jeunesse,
ironise Alex.
À Bourail, la lassitude s’installe. Une famille se lève chaque matin pour nourrir le pays, pendant que d’autres le dépouillent. Et chacun se pose la même question : combien de temps encore avant que la peur ne prenne définitivement le pas sur le travail et la dignité ?