J’ai allumé la radio ce matin. J’ai entendu qu’on n’avait toujours pas de gouvernement.
Enfin si, mais pas vraiment. Lecornu est parti. Puis il est revenu.
Comme un ex qui jure qu’il a changé.
Le Premier ministre a dit que c’était “par sens du devoir”. Moi j’appelle ça “un reboot politique”.
Un peu comme quand tu redémarres ton ordi, mais que le bug vient de la prise.
À Paris, les plateaux télé ont explosé.
Les socialistes ont râlé. La droite a crié plus fort. Bardella a hurlé “honte démocratique”.
Marine Tondelier a dit qu’elle était “abasourdie”. Moi aussi, mais pour d’autres raisons.
Et tout le monde a dit qu’on allait droit dans le mur. Rien de neuf, donc.
En Nouvelle-Calédonie, tout le monde a levé un sourcil. Parce que Lecornu, au moins, connaît le dossier.
Et ici, un ministre qui connaît la carte, c’est rare. Alors les élus ont dit “tant mieux”. Ils ont même remercié le destin.
Ça n’arrive pas souvent, le destin politique qui fait bien les choses.
Le Sénat, lui, prépare le report des élections provinciales. Apparemment c’est urgent.Tellement urgent qu’ils le font sans gouvernement stable.
Les affaires courantes, c’est un peu la spécialité du pays maintenant.
Metzdorf a dit que c’était “fondamental”. Backès a tweeté “un pas après l’autre”. Ruffenach a parlé d’un “accord à protéger”. Tout le monde s’est félicité d’un truc que personne ne comprend vraiment.
Mais ça sonnait grave, alors c’est passé.
Parce que pendant qu’ils jouaient à la guerre des mots, en Australie on arrêtait huit gars avec un milliard de francs de cannabis. À Nouméa, des mamies jouaient au loto pour la Semaine bleue.
Et au Racing, des femmes faisaient de la zumba pour Octobre Rose.
Tout le monde s’activait, sauf ceux qui gouvernent.
À Moindou, on regardait les roussettes s’envoler. À Païta, on préparait la fête du bœuf.
Pendant ce temps, à Paris, on préparait un autre rodéo.
Celui des motions de censure.
J’ai compris qu’ici, on a appris à faire sans eux. À danser pendant qu’ils discutent. À rire pendant qu’ils tweetent.
À s’occuper pendant qu’ils s’occupent d’eux-mêmes.
Parce que Lecornu, démissionnaire ou reconduit,
à la fin, il reste juste un type à Paris qui dit qu’il nous comprend.
Et nous, on continue d’attendre.
Bref.