Une semaine décisive pour la stabilité du territoire. Entre crise hospitalière, réforme économique et tensions politiques, les élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie entament une session sous haute tension. Le pays n’a plus le luxe de l’attentisme.
Le front de la santé à bout de souffle
La semaine s’ouvrira dans l’hémicycle par une commission conjointe entre la législation et la fonction publique, à 14 h. Au programme : les auditions des trois établissements hospitaliers (Gaston Bourret, Albert Bousquet, Centre hospitalier du Nord) suivies de celle de la CAFAT.
Objectif : examiner le projet de délibération portant dispositif exceptionnel pour les personnels paramédicaux et cadres de santé, prévu par le rapport n° 55/GNC du 30 juillet 2025.
Après la crise de mai 2024, les hôpitaux calédoniens peinent à retenir leurs effectifs. Sous l’impulsion d’un accord syndical unanime, deux mesures phares seront discutées : une bonification d’ancienneté et une prime de stabilité.
Il ne s’agit plus de panser les plaies, mais de remettre de l’ordre et de la discipline dans la gestion de la santé publique. Fidéliser, oui, mais aussi contrôler et exiger.
Cap sur la relance économique et fiscale
Le lendemain, la commission de la législation et de la réglementation économiques et fiscales se réunira à 14 h dans la grande salle des commissions. Seront d’abord entendus les représentants de la FEINC, à leur demande du 2 septembre.
Puis viendra l’examen du projet de loi du pays (rapport n° 58/GNC du 6 août 2025) portant sur les produits et services de première nécessité, la modification du comité de l’observatoire des marges, et l’exonération de droits et taxes à l’importation pour certains produits alimentaires.
Un texte à portée sociale, mais aussi un test économique. Pour la « droite calédonienne », l’enjeu est clair : protéger sans étouffer, corriger sans freiner. Trop d’exonérations tuent l’investissement, et trop de taxes étranglent la consommation. Il faut retrouver le juste équilibre : produire avant de distribuer, travailler avant de subventionner.
Dans un contexte de finances publiques asphyxiées, le Congrès devra trancher : le territoire choisit-il l’efficacité économique ou la dépendance permanente à la dépense publique ?
Éducation, dette COVID et éthique politique
Le mercredi à 16 h, la commission de l’enseignement se penchera sur le financement de l’enseignement privé, à la demande du gouvernement. Bilan de la délibération n° 360 du 28 novembre 2023 et perspectives budgétaires seront présentés, sur fond de mouvement social du 9 octobre mené par le personnel de la DDEC.
Un dossier sensible : l’école privée participe au service public et mérite un traitement équitable. La liberté d’enseignement est un pilier républicain, pas une faveur.
Le jeudi 16 octobre à 8 h 30, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie tiendra une séance publique extraordinaire au programme particulièrement chargé : identification et cession des carnivores domestiques (chiens et chats), réforme de l’ARDC-NC (agence de remboursement de la dette COVID), examen des rapports de la Chambre territoriale des comptes sur les recommandations 2023 et les frais de déplacement des élus entre 2020 et 2024, étude de la candidature de Walid Chaiehloudj à l’Autorité de la concurrence, et enfin, avis du Congrès sur le projet de loi de finances 2026.
Des sujets lourds, parfois explosifs. Les frais de déplacement des élus feront grincer des dents : les citoyens exigent de la transparence et de l’exemplarité. Une ligne claire est à défendre : stopper la dérive budgétaire et restaurer la confiance dans les finances publiques.
Air Calédonie, un vol sous haute turbulence
Le lendemain à 9 h, la commission plénière clôturera la semaine à huis clos, sur deux points de tension : la situation financière d’Air Calédonie et le transfert des activités aéroportuaires de Magenta à Tontouta.
Le président du gouvernement, Alcide Ponga, défendra la restructuration du transport aérien domestique, jugée indispensable pour assurer la pérennité de la compagnie et rationaliser les infrastructures.
Dans un territoire exigu et fragile, le réalisme économique doit primer sur la démagogie populaire. Maintenir Magenta coûte cher, freine le développement et fragilise le réseau aérien intérieur. Tontouta doit devenir le pivot du transport calédonien, et non une option.
Cette semaine législative marathon ne peut pas se résumer à une succession de rapports et d’auditions. C’est un moment de vérité pour le Congrès.
La santé s’effondre, l’économie s’essouffle, l’enseignement gronde, les finances vacillent. Et pourtant, la solution est simple : assumer les décisions impopulaires et défendre l’intérêt général.