Un nouveau pas dans la diplomatie sécuritaire chinoise inquiète le Pacifique. Le modèle maoïste de surveillance sociale refait surface… à Honiara.
La Chine exporte son contrôle social dans le Pacifique
C’est une première. Pékin met en place un programme de surveillance à grande échelle dans les îles Salomon, collectant empreintes, données biométriques et images de drones dans plusieurs villages. Objectif officiel : prévenir les troubles sociaux. Mais pour beaucoup, c’est surtout un moyen de contrôle politique importé directement de Chine.
Le modèle, inspiré du système de surveillance communautaire instauré sous Mao Zedong, avait pour but de surveiller les populations sans passer par les institutions judiciaires. Xi Jinping l’a récemment réactivé en Chine continentale, et le voir appliqué dans un pays tiers marque une nouvelle étape dans la stratégie d’influence chinoise dans le Pacifique.
Des enfants filmés par des drones chinois
Des images diffusées sur les réseaux sociaux par la police des Salomon montrent des agents chinois jouant avec des enfants autour de drones de surveillance. Le message se veut rassurant : familiariser les populations locales à la technologie. Mais l’opposition y voit un endormissement progressif de la vigilance démocratique.
Le député Peter Kenilorea a dénoncé une « dérive autoritaire » et demandé un vote parlementaire avant tout déploiement officiel. Selon Reuters, la collecte d’empreintes digitales et de données personnelles est déjà en cours dans certaines zones rurales.
Un tournant stratégique après le pacte de sécurité de 2022
Le pacte de sécurité signé entre Pékin et Honiara en 2022 avait déjà provoqué une onde de choc régionale. Il faisait suite à des émeutes violentes, alimentées par des élus opposés au changement d’alliance diplomatique du pays — passé de Taïwan à la Chine.
Aujourd’hui, cette coopération policière franchit une étape supplémentaire : la Chine devient actrice directe de la sécurité intérieure des Salomon. Ni le gouvernement de Manasseh Sogavare, ni les autorités chinoises n’ont souhaité commenter. Mais à Honiara, le spectre d’une surveillance à la chinoise plane désormais sur le Pacifique.