Les statistiques sont encourageantes : –5,3 % de délinquance générale au Mont-Dore, –14 % d’atteintes physiques, –33 % de vols de véhicules. Pourtant, sur le terrain, le sentiment d’insécurité reste fort. Derrière les discours d’autosatisfaction, une question demeure : la maire Élizabeth Rivière a-t-elle vraiment repris la main sur la sécurité de sa commune, ou se contente-t-elle de surfer sur les chiffres fournis par l’État ?
Une maire en quête de crédibilité sécuritaire
Mardi 14 octobre 2025, Élizabeth Rivière a réuni le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) à Boulari. Autour d’elle : le haut-commissaire Jacques Billant, la commissaire Catherine Merckx, le procureur Yves Dupas et les coutumiers. Une belle affiche, mais un exercice très encadré.
La maire salue un « travail collectif » et une « réponse publique bien réelle ». Mais plusieurs participants confient en off que les résultats doivent beaucoup plus à la gendarmerie qu’à la mairie.
Les opérations de terrain, les patrouilles et la réactivité viennent d’abord de l’État, pas du service municipal.
Une source proche du dossier résume :
La maire parle d’un modèle de coopération, mais c’est surtout la gendarmerie qui tient la maison
Cette mise en scène politique, censée démontrer une autorité retrouvée, trahit surtout une fébrilité : la maire veut donner le change, mais le sentiment d’abandon persiste dans plusieurs quartiers, notamment à La Coulée et à Saint-Louis.
L’État reprend la main sur le terrain
Le haut-commissaire Jacques Billant a profité de la réunion pour recadrer subtilement les choses :
La sécurité n’est pas une option, c’est une mission régalienne
Autrement dit : c’est l’État, pas la mairie, qui assure la paix publique.
Cette phrase, saluée par les représentants coutumiers, sonne comme un rappel à l’ordre pour une municipalité souvent jugée lente à réagir lors des dernières flambées de violences.
Les chiffres sont là, certes, mais les habitants, eux, voient autre chose :
- des rodéos nocturnes non sanctionnés,
- des écoles vandalisées,
- des vols dans les quartiers périphériques.
Le contraste entre les données statistiques et la réalité vécue alimente une défiance croissante.
La communication municipale parle d’un « Mont-Dore apaisé », mais pour beaucoup, le discours est plus rassurant que la situation.
Prévention ou communication ?
Élizabeth Rivière se félicite du travail du CCAS et de la Direction des services d’animation et de prévention (DSAP), censés accompagner les jeunes en rupture. Pourtant, plusieurs agents reconnaissent un manque criant de moyens et une absence de vision cohérente.
On multiplie les ateliers, mais sans suivi concret. Les jeunes reviennent dans la rue
confie un éducateur. La maire martèle vouloir allier fermeté et prévention, mais son action reste essentiellement symbolique : réunions, conférences de presse, visites encadrées.
Peu d’initiatives nouvelles, peu de réponses structurelles.
La stratégie municipale s’apparente davantage à une gestion de crise permanente qu’à une politique durable de sécurité.
Un Mont-Dore toujours sous tension
Le CLSPD veut afficher l’unité : État, justice, coutumiers et élus « main dans la main ». Mais derrière l’image, les fissures demeurent. Les habitants réclament des actes, pas des bilans.
L’un d’eux témoigne :
On nous parle de chiffres, mais la peur, elle, ne baisse pas
Dans les quartiers mixtes, les tensions ethniques et sociales persistent.
Le Mont-Dore reste un territoire fragile où la moindre étincelle peut ranimer les fractures.
Oui, la délinquance recule. Non, le Mont-Dore n’est pas encore apaisé. La maire gagne du temps plus qu’elle ne regagne du terrain. Derrière la communication officielle, le vrai combat se joue dans les quartiers, là où la parole municipale peine à convaincre. Si Élizabeth Rivière veut prouver que sa fermeté n’est pas de façade, elle devra sortir du symbole et revenir à l’action.
Car la sécurité ne se décrète pas : elle se prouve, jour après jour.