La Nouvelle-Calédonie remet le cap sur le tourisme maritime. Autour du Club Croisière, le monde économique local s’unit pour sauver un secteur sinistré, et restaurer la fierté d’une destination d’exception.
Un sursaut collectif pour sauver la croisière calédonienne
Jeudi 16 octobre 2025, les acteurs économiques calédoniens ont affiché une ambition claire : reprendre la main sur la croisière. Autour de la CCI-NC, de Nouvelle-Calédonie Tourisme, des pilotes maritimes, de l’agence Kenua et de Nouméa Discovery, le Club Croisière s’est donné six mois pour jeter les bases d’une gouvernance pérenne.
Placée sous la direction provisoire des Pilotes maritimes, cette nouvelle entité se veut un outil collectif, pragmatique et tourné vers l’action. Pas question de se perdre en structures lourdes :
Il n’est pas besoin d’installations pour commencer, assurent ses initiateurs, déterminés à rassembler autour d’un projet utile et fédérateur.
Car les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’économie mondiale de la croisière a progressé de 9 % depuis 2019, tandis que la zone Asie-Océanie accuse une baisse de 20 %. En Polynésie française, la création d’un club dédié a permis de tripler les escales et de générer 22 milliards CFP de retombées. À l’inverse, la Nouvelle-Calédonie a vu son activité fondre : de 7,5 à 2,5 milliards CFP de chiffre d’affaires, et de six zones d’escales à seulement deux.
Un effacement inquiétant, que le Club Croisière veut enrayer avant que les compagnies ne désertent totalement la destination. Réagir maintenant, ou disparaître demain.
Recréer une filière, un modèle et une image
L’objectif est limpide : reconstruire une filière croisière durable, avec une gouvernance paritaire public-privé capable d’accompagner les communes, d’élaborer des cahiers des charges, et de communiquer positivement autour de la croisière.
Ce secteur, souvent caricaturé, incarne pourtant un modèle vertueux : il génère des emplois directs et indirects non délocalisables, soutient les artisans, restaurateurs, guides, musées et assure un désenclavement économique pour les zones isolées.
La croisière, loin des clichés, est une vitrine du savoir-faire local et une source de devises étrangères indispensable. Pour les fondateurs du Club, chaque escale doit devenir une expérience calédonienne authentique : accueil, culture, produits du terroir, patrimoine maritime.
Dans un pays meurtri par les crises successives — sanitaire, économique, sociale —, la croisière incarne une revanche sur l’immobilisme, une relance par la valeur ajoutée plutôt que par la subvention.
Une vision à long terme pour hisser les voiles du redressement
Parce que les croisières se planifient deux ans à l’avance, les fruits de cette relance ne seront visibles qu’à partir de 2027 ou 2028. D’ici là, le Club Croisière veut travailler sur la formation, la labellisation et la qualité environnementale des prestations.
Il planchera également sur la diversification des offres : croisières thématiques, yachting, rallyes à la voile… et peut-être, à terme, l’ouverture d’une tête de ligne en Nouvelle-Calédonie. Un rêve à portée de main, si la volonté politique suit.
La Ville de Nouméa a salué cette dynamique, appelant à un « changement de logiciel » après des décennies d’économie tournée quasi exclusivement vers le nickel.
C’est parfois dans le malheur qu’on trouve la force d’aller de l’avant, a reconnu Sonia Lagarde, en référence aux événements récents.
Quant à Christopher Gygès, membre du gouvernement, il a confirmé que la taxe croisière, votée au Congrès, servira bien à améliorer la qualité d’accueil.
Ce projet, fondé sur la responsabilité, le travail collectif et la valorisation du territoire, marque une nouvelle ère pour le tourisme calédonien.
La croisière n’est pas un luxe, c’est un levier d’avenir : un secteur où la fierté, la rigueur et le patriotisme économique peuvent enfin converger pour faire briller la Nouvelle-Calédonie au cœur du Pacifique.