La Chine dégaine l’arme des métaux critiques : un tir unique qui pourrait se retourner contre elle. Pékin étend ses restrictions sur les métaux stratégiques, mais cette manœuvre de puissance pourrait fragiliser son propre empire industriel. Derrière le coup de pression diplomatique, une question : jusqu’où la Chine peut-elle menacer sans se tirer une balle dans le pied ?
L’arme économique de Pékin : les métaux critiques
La Chine brandit une fois de plus son arme géoéconomique préférée : les restrictions sur les métaux essentiels à la transition énergétique et à la défense.
Après avoir déjà serré la vis sur les terres rares, elle ajoute cinq nouveaux éléments à la liste de ses exportations sous contrôle.
Un signal fort envoyé aux États-Unis et à l’Europe, dépendants de la Chine pour plus de 90 % du raffinage mondial de certains matériaux comme le graphite, le cobalt ou le lithium.
Chaque fois que Pékin appuie sur la gâchette des sanctions minières, les marchés occidentaux tremblent. Mais derrière cette puissance apparente se cache une faiblesse stratégique : cette arme ne peut être utilisée qu’une fois.
L’effet boomerang : quand le chantage pousse à l’autonomie
Car si la Chine coupait brutalement ses livraisons, elle provoquerait un chaos industriel temporaire… mais aussi un réveil occidental.
Les pays développés disposent des gisements nécessaires pour relancer la production ; il leur manque seulement les capacité de raffinage.
Face à une crise d’approvisionnement, les États-Unis et l’Union européenne injecteraient massivement des capitaux pour bâtir leurs propres usines, quitte à payer le prix fort.
En clair, plus la Chine menace, plus elle encourage la réindustrialisation de ses rivaux.
C’est le risque majeur de cette stratégie : à long terme, l’Occident se libérera de la dépendance chinoise, et Pékin se retrouvera avec une industrie surdimensionnée et sans clients.
Un duel politique plus qu’économique
Derrière cette escalade, la logique est avant tout politique. Le conflit commercial entre Pékin et Washington, ravivé sous la présidence Trump, pousse chaque camp à exploiter ses leviers de pression. Mais selon plusieurs experts, le véritable rapport de force ne se joue plus dans les mines, mais dans les raffineries.
Comme le rappelle Richard Holtum (Trafigura) :
Vous n’avez pas de sécurité nationale si vous n’avez que des ressources dans le sol.
Les Occidentaux l’ont compris : la guerre des métaux n’est pas une bataille de stock, mais de transformation et de souveraineté. Résultat probable : un monde à deux vitesses, avec un marché occidental plus coûteux mais sûr, et un marché chinois plus compétitif, soumis aux humeurs politiques de Pékin.