Le cinéma calédonien sort de l’ombre. À l’heure où la création locale s’impose enfin comme levier économique, le gouvernement acte une continuité forte, avec une vision claire : professionnaliser, structurer et rayonner.
Un choix stratégique pour consolider une filière d’avenir
Lors de sa réunion de collégialité du 15 octobre 2025, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a renouvelé sa délégation de gestion du fonds de soutien à la production audiovisuelle à la province Sud, par l’intermédiaire de son Bureau d’accueil des tournages (BAT). Une décision de bon sens, portée par la volonté de maintenir la stabilité d’un secteur devenu, au fil des ans, un véritable levier de développement économique et culturel.
Depuis 2017, ce fonds a accompagné 334 projets audiovisuels pour un montant global dépassant le milliard de francs CFP. Documentaires, fictions, clips ou magazines culturels : la diversité des productions démontre que la création locale s’est structurée, attirant des professionnels compétents et un public toujours plus fidèle.
Le BAT de la province Sud, en première ligne depuis sept ans, a su professionnaliser l’instruction des dossiers, guider les porteurs de projets et harmoniser les procédures avec les services du gouvernement. Cette efficacité, saluée par les producteurs, a justifié le renouvellement du contrat de délégation pour la période 2025-2027.
Mais derrière les chiffres se cache une ambition plus large : bâtir une véritable industrie audiovisuelle calédonienne, capable de rivaliser avec les standards régionaux. Pour une collectivité encore dépendante des importations culturelles, investir dans la création, c’est investir dans l’identité.
Un pilier pour la culture et l’économie calédonienne
Le fonds de soutien à la production audiovisuelle n’est pas une simple subvention. C’est une politique publique structurante, pensée pour accompagner la production, la préparation et la diffusion d’œuvres en Nouvelle-Calédonie.
Son objectif : stimuler l’emploi local, renforcer les compétences et valoriser l’image du pays à l’extérieur. Les retombées économiques sont réelles : en mobilisant les entreprises, prestataires et techniciens calédoniens, chaque tournage devient un moteur pour l’économie locale.
Aujourd’hui, 165 professionnels sont actifs dans la filière, pour un chiffre d’affaires estimé à 1,3 milliard de F CFP. Ces indicateurs traduisent une filière en pleine expansion, qui mérite d’être consolidée plutôt que laissée aux aléas des marchés extérieurs.
En soutenant ces initiatives, le gouvernement assume une politique de fierté locale, loin des discours de victimisation. Le message est clair : les talents calédoniens peuvent rivaliser, à condition qu’on leur en donne les moyens.
Le FAC-NC (Fonds audiovisuel et cinématographique de Nouvelle-Calédonie) reste le principal moteur financier de cette ambition, avec une enveloppe annuelle d’environ 135 millions de francs. Une somme conséquente, qui fait du secteur audiovisuel un pilier économique aussi bien qu’un outil de rayonnement.
Professionnaliser pour rayonner : une vision pragmatique et assumée
Les conditions d’éligibilité des aides sont précises. Seules les sociétés de production locales ou les professionnels patentés justifiant d’au moins six mois d’activité sur le territoire peuvent prétendre à un soutien.
Documentaires, fictions, clips musicaux ou magazines culturels : les projets doivent être ancrés dans la réalité calédonienne et présenter des retombées économiques concrètes. En clair, pas de financement pour des productions déconnectées du pays.
Ce cadre rigoureux, validé par l’arrêté n° 2022-843/GNC, reflète une philosophie : l’argent public doit servir l’intérêt collectif et renforcer la cohésion territoriale. À rebours d’une logique d’assistanat, l’aide à la création devient un outil de mérite et de responsabilité.
Chaque dossier est évalué selon des critères précis : qualité du scénario, faisabilité, pertinence du sujet, ancrage local, avant d’être soumis au comité de gestion. Ce processus exigeant garantit la transparence et la qualité des productions soutenues.
Les professionnels eux-mêmes reconnaissent les progrès, tout en appelant à une meilleure structuration de la filière : plus de formation, plus de visibilité et une gouvernance clarifiée. Autant de défis que le gouvernement semble prêt à relever, en maintenant le partenariat institutionnel avec la province Sud, symbole d’une gestion efficace et pragmatique.
Car derrière la culture, c’est bien l’avenir économique du territoire qui se joue.
En Nouvelle-Calédonie, le cinéma n’est plus un luxe culturel : c’est un investissement d’avenir.
En consolidant son fonds de soutien et en confiant sa gestion à un acteur expérimenté, le gouvernement fait le choix du sérieux et du mérite. La Nouvelle-Calédonie affirme son identité : ambitieuse, exigeante et fière de ses talents.