Washington, Maison-Blanche. Sous les dorures du Bureau ovale, Donald Trump et Anthony Albanese ont scellé un accord qui pourrait redessiner la carte stratégique du Pacifique.
Au menu : 8,5 milliards de dollars investis dans les terres rares, et un message limpide à Pékin : l’Occident reprend la main.
Un partenariat minier taillé pour contrer la Chine
C’est un accord économique aux allures de pacte stratégique. Les États-Unis et l’Australie vont investir chacun un milliard de dollars dans les six prochains mois pour lancer une série de projets d’extraction et de raffinage de minerais critiques. L’objectif est simple : réduire la dépendance aux exportations chinoises, qui représentent encore plus de 80 % du marché mondial.
L’accord prévoit aussi la création d’un plancher de prix, une mesure réclamée par les industriels pour stabiliser le secteur.
Canberra espère ainsi devenir le fournisseur privilégié de l’Occident en lithium, cobalt, nickel et terres rares, ces matériaux indispensables aux batteries, aux technologies vertes et à la défense.
Ce partenariat est un investissement dans notre sécurité et dans notre souveraineté économique,
A déclaré Anthony Albanese, évoquant un “pipeline de projets de 8,5 milliards $” prêt à démarrer.
AUKUS confirmé, la dissuasion renforcée
Sur le volet militaire, Donald Trump a profité de la rencontre pour réaffirmer son soutien à l’alliance AUKUS, conclue en 2021 avec le Royaume-Uni. L’accord prévoit la construction de sous-marins nucléaires australiens à propulsion américaine, un chantier colossal estimé à plus de 360 milliards de dollars australiens. « L’AUKUS avance très bien », a assuré le président américain, saluant au passage le « leadership » d’Albanese. Le Premier ministre australien a, lui, insisté sur la nécessité de “clarifier certains aspects techniques”, notamment sur le partage des coûts et le calendrier.
Selon Washington, ces ajustements n’altèrent pas le fond du pacte : le renforcement de la présence occidentale dans l’Indo-Pacifique, face aux ambitions chinoises.
Un axe économique et militaire consolidé
Au-delà des signatures, c’est une double alliance économique et stratégique qui s’affirme. D’un côté, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la relocalisation industrielle. De l’autre, la modernisation des capacités militaires et le partage de technologies de pointe.
Cette complémentarité fait de l’Australie le pivot du dispositif occidental dans le Pacifique, tandis que les États-Unis se posent en garants de la dissuasion régionale.
L’Inde, le Japon et la Corée du Sud pourraient à leur tour rejoindre cette dynamique de coopération technologique.
Pour Canberra, le gain est aussi industriel : l’accord va stimuler la transformation locale des minerais, un secteur encore largement dominé par la Chine. Pour Washington, c’est une façon de réarmer l’économie américaine et de réduire les vulnérabilités stratégiques révélées par la pandémie et la rivalité sino-américaine.
Pékin en ligne de mire
Derrière ce partenariat, tout converge vers le même objectif : répondre au verrouillage chinois. Depuis plusieurs mois, Pékin a restreint ses exportations d’aimants permanents et de composants stratégiques, provoquant des tensions sur les marchés. L’accord américano-australien se veut une riposte directe, avec un message clair : l’Occident ne se laissera plus dicter ses dépendances. Les analystes s’attendent déjà à des contre-mesures de Pékin : guerre des prix, nouvelles restrictions, pression diplomatique accrue dans la zone Pacifique.
Mais le signal politique est fort : les démocraties se coordonnent à nouveau, et cette fois, sur le terrain économique autant que militaire.
Le retour du politique dans l’économie
Au-delà des chiffres, cet accord symbolise le grand retour de la géopolitique dans la mondialisation. Les minerais critiques sont devenus une arme de pouvoir, au même titre que le pétrole au XXᵉ siècle. Et Trump comme Albanese semblent partager la même conviction : la souveraineté se forge dans les mines autant que dans les arsenaux. En scellant ce double pacte, Washington et Canberra ouvrent un nouvel âge du réalisme stratégique. Un âge où la sécurité, l’énergie et l’industrie ne font plus qu’un. Le message est limpide : l’Occident se réarme économiquement, technologiquement et militairement.
Et au cœur de cette recomposition, l’Australie s’impose comme le maillon fort du Pacifique libre.