Deux semaines après l’assouplissement de son contrôle judiciaire, Christian Tein n’a toujours pas remis les pieds en Nouvelle-Calédonie.
Le leader du FLNKS, présenté par ses partisans comme un « prisonnier politique », a pourtant obtenu début octobre l’autorisation officielle de rentrer au pays. Mais au lieu d’un retour triomphal à Nouméa, il participe cette semaine à un “camping politique” à Montpellier, aux côtés d’activistes d’extrême-gauche. Une image pour le moins déroutante.
Un retour autorisé, mais repoussé
Selon les juges d’instruction, Christian Tein pouvait regagner l’archipel depuis le 1ᵉʳ octobre 2025, après un an passé sous contrôle judiciaire en Métropole.
L’interdiction de quitter la France avait été levée, de même que certaines restrictions liées aux contacts avec d’autres mis en cause.
Mais le parquet ayant fait appel, l’autorisation restait suspendue pendant plusieurs jours — jusqu’à sa confirmation à la mi-octobre. Depuis, rien n’empêche juridiquement son retour.
Or, malgré ce feu vert, le chef du FLNKS n’a pris aucun vol pour Nouméa. Il n’a fait aucune déclaration officielle, aucun message à ses soutiens.
Pendant que des militants organisent des mobilisations en son nom, Christian Tein choisit de poursuivre son militantisme dans l’Hexagone, au sein de réseaux altermondialistes proches de la NUPES.
Une image écornée
Pour ses partisans, la ligne est claire : Christian Tein est un symbole de la « résistance kanak » face à la puissance coloniale.
Mais comment justifier qu’un chef de file indépendantiste reste volontairement en France, alors qu’il prétend incarner la libération du pays ?
Ce décalage nourrit une impression d’incohérence : ceux qui appellent à rompre avec la France semblent aujourd’hui plus à l’aise dans ses amphithéâtres militants que dans leurs tribunes locales.
Ce paradoxe politique fragilise la cause qu’il dit défendre.
Pendant qu’il s’exprime sur les plateaux métropolitains, les Calédoniens, eux, attendent des réponses concrètes sur la reconstruction, la sécurité et la sortie de crise.
Loin du terrain, le chef de la CCAT paraît désormais déconnecté d’une base lassée des discours, mais confrontée chaque jour aux conséquences des émeutes de mai 2024.
Le symbole d’une dérive militante
La scène de Montpellier banderoles, portraits, drapeaux du FLNKS aurait pu être celle d’un retour.
Elle n’est qu’un miroir ironique : le “résistant” dénonce le colonisateur tout en profitant de son hospitalité.
Cette contradiction n’est pas anodine : elle révèle une dérive du mouvement, plus idéologique que politique, plus parisienne que calédonienne.
Dans un moment où l’unité nationale et la reconstruction du territoire exigent de la cohérence, cette absence résonne comme un aveu.
Le héros annoncé n’est pas revenu. Et le peuple qu’il prétend défendre attend toujours son chef.















