Ils veulent parler, mais pas avec la France. Naïma Moutchou arrive à Nouméa dans un climat faussement apaisé.
Naïma Moutchou face à la réalité calédonienne
La ministre des Outre-mer atterrira le 1ᵉʳ novembre dans un pays toujours fracturé, où les appels au dialogue masquent mal les arrière-pensées politiques. Elle a affirmé vouloir « discuter avec tout le monde, y compris le FLNKS ». Mais la question n’est plus de savoir avec qui discuter, c’est de savoir de quoi.
Car le FLNKS a fermé la porte du débat institutionnel, tout en laissant entrouverte celle du discours. Son secrétaire général, Dominique Fochi, l’a redit au JT : le mouvement est :
prêt à discuter, mais pas dans le cadre de Bougival.
Autrement dit, le Front refuse le texte, le calendrier et le processus fixés par la République. Le communiqué du 23 octobre a d’ailleurs mis les points sur les i :
Nous ne reviendrons pas à la table des discussions concernant le projet de Bougival.
Cette ligne rouge rend le dialogue presque impossible. Naïma Moutchou ne rencontrera donc pas un interlocuteur politique, mais un adversaire tactique qui teste l’État et observe jusqu’où il peut céder.
Un FLNKS en posture, pas en dialogue
Sous couvert de « bon sens », le FLNKS cherche à imposer un rapport de force, non à participer à une discussion équilibrée.
Le message est clair : tant que Bougival existera, il n’y aura pas de paix.
En réclamant l’abandon du projet d’accord et en liant la stabilité du pays à cette condition, Dominique Fochi fait peser sur l’État une responsabilité unilatérale : si ça explose, c’est votre faute.
Cette stratégie du chantage démocratique vise à replacer le FLNKS au centre du jeu après des mois d’isolement politique et moral.
Mais ce discours ignore une évidence : la Nouvelle-Calédonie appartient à tous ses habitants, pas à un mouvement autoproclamé représentant du « peuple colonisé ». Les Calédoniens kanak, caldoches, wallisiens, métis veulent tourner la page des barricades, pas la revivre.
L’État ne doit plus se laisser piéger
Naïma Moutchou a répété qu’elle ne « fera pas sans le FLNKS ». Mais le danger est justement là : faire éternellement avec un partenaire qui ne veut rien signer. Le Front utilise la rhétorique du “dialogue” comme un outil de blocage, pour repousser les élections, empêcher la révision constitutionnelle, et maintenir la Nouvelle-Calédonie dans un entre-deux politique délétère.
Ce que la ministre doit comprendre, c’est que la main tendue de Paris n’est plus un symbole, c’est une faiblesse exploitée.
Le courage politique consiste aujourd’hui à avancer sans céder au chantage, à faire respecter la loi, le calendrier et la parole donnée à la majorité silencieuse des Calédoniens. Car l’histoire a prouvé une chose : chaque recul de l’État ouvre la voie à la violence.
Le temps du dialogue sincère viendra quand le FLNKS acceptera de parler à l’intérieur du cadre républicain, pas au-dessus de lui.















