Une Polynésie qui s’élève dans le ciel du Pacifique : l’État et le Pays misent sur la souveraineté aérienne.
Un projet stratégique pour l’autonomie aérienne du Pacifique
Le 24 octobre dernier, Alexandre Rochatte, Haut-commissaire de la République en Polynésie française, a signé avec Moetai Brotherson et le directeur général d’Air Tahiti, Édouard Wong-Fat, une déclaration d’intention historique prévoyant la création à Tahiti d’un centre régional d’excellence de maintenance des avions ATR.
Cette signature n’est pas un simple geste administratif. Elle incarne une volonté politique forte : ancrer dans le Pacifique Sud une souveraineté technique et industrielle française, au sein d’un secteur stratégique souvent dominé par la Nouvelle-Zélande et Singapour.
L’idée avait germé lors du Sommet Pacifique-France, tenu à Nice le 10 juin dernier. Aujourd’hui, elle prend corps : la Polynésie française s’affirme comme un pivot aéronautique régional, capable non seulement d’entretenir sa flotte mais aussi d’offrir ses compétences à ses voisins insulaires.
Pour la première fois, la région disposerait d’un centre de maintenance certifié et reconnu, gage d’indépendance, d’efficacité mais aussi de prestige.
Air Tahiti, moteur de l’excellence technique locale
Depuis plusieurs années, Air Tahiti entretient elle-même sa flotte, faisant la démonstration d’une expertise locale reconnue dans tout le Pacifique.
Mais jusqu’ici, la compagnie ne disposait pas des installations nécessaires pour assurer la maintenance des appareils d’autres compagnies. Ce nouveau centre vient changer la donne.
Avec ce projet, Air Tahiti ne se contente plus d’être un transporteur : elle devient un acteur industriel à part entière, porteur de formation, d’innovation et de savoir-faire.
Le Service d’État de l’Aviation civile soutient activement cette initiative, qui devrait réduire les coûts, raccourcir les délais d’immobilisation des appareils et garantir la continuité des liaisons inter-îles. Dans un territoire aussi vaste que la Polynésie, où la continuité territoriale dépend avant tout de la fiabilité aérienne, l’enjeu est majeur.
Alexandre Rochatte souligne la portée symbolique du projet :
Ce centre de maintenance s’inscrit dans une logique de coopération durable entre l’État et le Pays. Il permettra à la Polynésie de rayonner et d’assumer un rôle de hub aéronautique régional.
Formation, emplois et rayonnement régional : un pari gagnant
Le centre régional d’excellence ATR ne sera pas seulement un site technique. Il deviendra un pôle d’emploi, de formation et de rayonnement économique.
Des partenariats avec Air Formation permettront aux jeunes Polynésiens de se former sur place aux métiers de la maintenance aérienne, un domaine en pleine expansion dans toute la région Pacifique.
Plusieurs diplômés sont déjà recrutés par Air Tahiti, preuve que la filière fonctionne et crée de la valeur locale.
Moetai Brotherson salue cette vision commune :
Ce projet donne des bases solides à la relance de la Route du corail, reliant la Polynésie aux Cook, à Tonga, Samoa et Fidji. C’est une ouverture concrète vers une coopération océanienne nouvelle.
Avec le soutien de l’État, qui met à disposition son expertise et pourra mobiliser des financements ciblés, Tahiti s’impose désormais comme le cœur battant de l’aéronautique française du Pacifique.
Une réussite exemplaire pour une France des territoires qui croit à la compétence locale, mais sans renoncer à l’exigence industrielle.
Ce projet incarne un retour assumé de la puissance publique française dans la zone Pacifique, loin des discours victimaires ou dépendants.
La Polynésie française affirme sa place dans le jeu régional par la production, la compétence et la confiance.
Et si, demain, la maintenance des ATR du Pacifique Sud se faisait à Tahiti, ce serait bien une victoire française et polynésienne, dans le ciel du Pacifique.















