Une révolution énergétique pragmatique s’ancre dans le territoire.
En Nouvelle-Calédonie, l’État et l’Agence calédonienne de l’énergie veulent faire de la mobilité électrique un levier concret de souveraineté et de relance locale.
Jusqu’à 100 % d’aide pour accélérer la recharge verte
L’Agence calédonienne de l’énergie (ACE) vient de lancer un appel à projets inédit visant à accompagner jusqu’à 100 % des coûts d’installation d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE).
Objectif : soutenir les entreprises, les collectivités et les acteurs économiques décidés à investir dans la transition énergétique sans sacrifier leur compétitivité.
Cet appel s’inscrit dans le cadre du Schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC), qui fixe des objectifs ambitieux : réduire de 70 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 et atteindre 50 % de véhicules propres dans les ventes.
Pour y parvenir, la Calédonie s’appuie sur une stratégie claire : verdir son industrie, décarboner la mobilité et accélérer la mutation énergétique de son économie.
Cette politique n’est pas une lubie écologique importée, mais une vision stratégique de souveraineté locale.
Moins dépendre du pétrole, c’est aussi protéger le pouvoir d’achat, stabiliser les coûts logistiques et renforcer la résilience du territoire face aux crises internationales.
Entreprises et communes en première ligne
Le dispositif s’adresse à une large palette d’acteurs : collectivités, syndicats intercommunaux, établissements publics et entreprises privées, y compris touristiques.
Tous peuvent déposer un dossier avant le 31 mars 2026, les relèves se faisant chaque mois.
Trois types de bornes sont éligibles :
– celles ouvertes au public, accessibles 24h/24 ;
– celles réservées aux clients ou usagers d’un site ;
– celles à usage privé, destinées aux flottes internes.
Les projets peuvent bénéficier d’un plafond d’aide de 400 000 F CFP par point de charge, voire davantage pour les installations publiques stratégiques.
L’ACE prend en charge la fourniture, l’installation et le raccordement, en veillant à la conformité technique et à la durabilité des équipements.
Pour les entreprises touristiques, l’agence recommande même d’ajouter des prises pour vélos à assistance électrique, signe que la transition ne se limite pas à la voiture.
Mais attention : les particuliers et les structures en difficulté judiciaire sont exclus du dispositif. Une façon d’assurer que l’argent public serve l’investissement productif et l’intérêt collectif, non les effets d’aubaine.
Une stratégie maîtrisée, loin de la naïveté écologique
Cette politique s’inscrit dans une approche réaliste : favoriser la croissance verte sans alourdir la facture énergétique.
Contrairement aux discours culpabilisants importés de métropole, l’ACE défend ici une transition ancrée dans la réalité calédonienne.
Le développement du réseau IRVE repose sur un schéma directeur territorial, conçu dès 2021 pour mailler le territoire selon ses contraintes économiques, géographiques et industrielles.
Ce document, actuellement mis à jour, oriente l’implantation des bornes afin de garantir efficacité, accessibilité et équilibre entre les provinces.
Les porteurs de projets doivent présenter un dossier complet : présentation d’activité, plan de financement, calendrier prévisionnel et justification technique.
Les candidatures sont instruites par un comité technique qui évalue la pertinence des projets, leur solidité financière et leur capacité à maintenir les bornes en service pendant au moins cinq ans.
L’ACE impose par ailleurs un cadre strict : aucune dépense engagée avant validation ne sera prise en compte.
L’agence contrôle la conformité, suit les données d’usage et exige la visibilité du soutien public et européen sur les sites installés.
Ce pilotage rigoureux évite les dérives souvent observées dans d’autres territoires ultramarins.
Un signal fort pour la souveraineté énergétique calédonienne
Derrière cet appel à projets se joue bien plus qu’un enjeu technique : c’est un acte politique fort, symbolisant la volonté de la Nouvelle-Calédonie de reprendre la main sur sa trajectoire énergétique.
La transition verte, ici, ne rime pas avec décroissance, mais avec investissement, innovation et responsabilité.
En soutenant massivement les entreprises et les collectivités prêtes à investir, l’ACE incarne une écologie de terrain : ambitieuse, réaliste, productive.
Chaque borne installée devient un outil de développement économique, une opportunité d’emploi local et un pas vers l’autonomie énergétique du territoire.
Loin des discours militants, cette politique traduit une conviction simple : la modernité n’est pas l’ennemie de la liberté économique.
La Calédonie avance ainsi vers une mobilité plus propre, sans renoncer à ce qui fait sa force : l’esprit d’initiative, la liberté d’entreprendre et la fierté d’un territoire maître de son destin.















